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Raconter un moment d’histoire musicale à l’échelle d’un de ses personnages secondaires, c’était l’idée d’"Inside Llewyn Davis", des frères Coen, sublime digression folk sur le grain de poussière qui sépare le talent anonyme du génie reconnu. D’une même ambition, "Eden" ne parvient à restituer que le laborieux biopic d’un garçon à l’épaisseur romanesque quasi nulle. Sans doute parce qu’elle s’inspire du parcours de son frère Sven, qui fit danser Paris dans les années 90 lors des soirées Cheers, entre autres, Mia Hansen-Løve oublie de créer un véritable personnage de fiction. La réalisatrice voudrait faire de Paul le visage d’une génération enivrée par la joie de la fête, mais en s’attardant sur ses errements amoureux, elle perd contact avec le fait collectif et s’enferre dans la banalité. Reste, pour tromper l’ennui, un running gag réussi sur les Daft Punk et la présence burlesque de l’excellent Vincent Macaigne.
Toutes les critiques de Eden
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une réflexion sur les difficultés à vivre de sa passion sans contraintes. (...) C'est la force du film de s'attacher à l'humain, aux sentiments pour atteindre une forme d'universalité tant sur le processus créatif que dans la recherche d'un statut social stable.
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Eden éclaire par sa sensibilité toute une génération de rêveurs. Dans un entrelacs d'ellipses narratives et d'excellentes reconstitutions musicales, Hansen-Love suit son héros à la trace.
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Sur fond de nuits blanches, de foules en liesse ou de bande d'amis, l'intimisme limpide de la réalisatrice prend encore plus de relief. Son acteur, Félix de Givry, est, de bout en bout, suivi avec une délicatesse qui rappelle Oslo, 31 août (de Joachim Trier) et son bouleversant fêtard dégrisé, en fin de course.
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Fresque filante, pleine de grâce, sur la crête des années, le film apparaît comme le plus ambitieux entrepris à ce jour par la jeune cinéaste, le plus risqué, sans doute le plus beau. "Eden" semble rivé non aux feux des honneurs et du glamour mais à la ligne de dérèglement tracée en marge par une trajectoire individuelle.
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La réalisatrice met en scène une fresque générationnelle. On se passionne pour la reconstitution de l'émergence de la musique électro françaises, de ses balbutiements à l'explosion de la French Touch.
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"Eden" est à l’électro française ce que "Inside Llewyn Davis" est au folk américain. (...) Le film n’est pas seulement un geste tendre et lucide de reconnaissance sororal, c’est aussi le portrait doux-amer d’une génération victime du solipsisme que l’Histoire lui a laissé en héritage.
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La caméra de la réalisatrice, jamais pesante, mais toujours présente, s'attarde sur le délire d'un personnage secondaire. Elle sait aussi créer la rupture, notamment avec le gimmick sur les Daft Punks.
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"Eden" tente de nous faire revivre l’euphorie des années 90 sur fond de French Touch. On regrettera cependant que la réalisatrice s’attarde un peu trop sur les errements amoureux du personnage de Paul au détriment de la véritable histoire celle de l’émergence d’un style musical.
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Si "Eden" puise son personnage de loser à la source, dans la vaste contre-histoire de la musique, le récit ne quitte jamais le lit de sa chronique pacifiée.En cela, "Eden" ose le banal et force le respect, pour le meilleur et pour le pire. Or la seule défaite que la cinéaste parvient à documenter, c’est son impuissance devant le banal. Incapable de sublimer sa matière pauvre, "Eden" se contente d’incarner le pendant anesthésié d’"Après mai", dépolitisé, poli et en apparence anti-sociologique.
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Un film un peu long mais qui ne manque pas de rythme. On se laisse emporter par l'énergie d'un ensemble auquel il ne manque qu'un petit supplément d'âme pour nous faire totalement vibrer.
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Loin des fulgurances électriques qu'appelait la légende de toute une génération, "Eden" s'avère une chronique soignée mais terriblement inoffensive.
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Une revigorante plongée dans la French Touch des années 90, un poil longuette mais quand même stimulante.
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Ce portrait d’une certaine jeunesse et de la musique qui l’accompagne peut sembler hermétique aux plus de 40 ans. Mais l’aspect ethnographique du film, porté par de jeunes acteurs investis – Félix de Givry et Pauline Etienne, entourés de Vincent Macaigne et de Laura Smet –, a de quoi toucher.
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"Eden" tient la longue distance de ses plus de deux heures et de ses vingt années diégétiques. C’est justement cette durée qui fait la force et la beauté du film, qui lui donne son épaisseur et son sens. Et c’est en laissant le temps faire son œuvre sur ses personnages que la mise en scène, discrète, exempte de virtuosité ostensible, prend tout son relief romanesque.
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"Eden" revient en douceur sur l'odyssée festive et parfois douloureuse de la French Touch.(...) C’est la mise en scène qui produit cette sensation de se noyer dans la musique.
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Le paradis se transforme vite en enfer. Grisée par son empathie envers un sujet si proche, à la fois familial et affectif, Mia Hansen-Løve oublie de nourrir des enjeux dramatiques finalement inexistants. "Eden" illustre sans rien raconter, regarde sans rien choisir, caresse sans rien creuser. C'est un film entre-soi, qui ne prêche que des convaincus à force de tourner les pages d'un album de famille.
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Le souffle, c’est ce qui manque à ce long métrage, entre fiction et réalité, aussi propre que les pailles que les protagonistes se fichent dans le nez.
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Un film mélancolique et souvent juste. La réalisatrice a un regard d'une grande justesse sur ce milieu, sans afféterie ni complaisance. Mais fascinée par son sujet (le héros du film), la réalisatrice y décrit avec trop de minutie le destin de son frère, et pèche ce faisant par des longueurs et des détails intimes secondaires qui ne font pas avancer la dramaturgie du récit.
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Mia Hansen Love relate moins l'émergence de la musique électro que l'histoire de son frère, DJ, qui a raté le virage de la French Touch et sa vie sentimentale. A voir surtout pour la BO...
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C’est illustratif et loin de l’énergie galvanisante inhérente à la faune, aux sons, aux transgressions festives du mouvement. "Eden" n’attise ni l’aigreur, ni la rancœur, mais aussi chaleureux soit-il, laisse poindre la déception de ne pas avoir d’auteurs de la trempe de Fincher ou de Boyle en France, pour parvenir à redonner du souffle à cette vague house-garage qui sévissait sur les Champs et les Grands Boulevards parisiens dans les années 90...Reste une bande-son aux petits oignons...
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L'incertitude illustre bien l’ambivalence d'un film à la fois complètement nul et dérisoirement réussi, au programme duquel on n’adhère vraiment qu’à la fin. Assez pour nous émouvoir cinq minutes, mais trop peu pour faire oublier que, deux heures durant, leur paradis technoïde nous a surtout donné envie de piquer un somme.