Rick Famuyiwa n’a pas forcément le talent satirique d’un Spike Lee, l’élégance pop d’un Justin Simien (auteur du brillant Dear White People) ou le sens de la punchline de Judd Apatow. Sa mise en scène se perd parfois un peu dans les gimmicks inutiles (accélérés / ralentis, flashbacks tarantiniens, split-screen) ou le vouloir-dire social forcé sur la condition des afro-américains (le discours final en regard-caméra), c’est vrai. Mais malgré ces quelques détails maladroits, son teen-movie à la sauce « Black Studies » séduit. Tourné dans le même lycée que la série Freaks and geeks, il met à profit son casting stylé (Zoe Kravitz, des rappeurs comme A$AP Rocky ou Vince Staples, et la révélation Shameik Moore dans le rôle principal) pour construire de vrais personnages, tchatcheurs et attachants.
Dans Dope, les wannabe rappeurs prennent des cours d’élocution « gangsta », les voyous géolocalisent leurs proie à l’iPad, les nerds dealent sur le Dark Web et plaisent aux jolies filles, qui leur vomissent parfois dessus, entre deux discussions sur les dates exactes sur l’âge d’or du rap et l’utilisation du « n-word ». Bref, c’est drôle, tendre, sexy, plein de gouaille. Et pour ne rien gâcher, Pharrell Williams est aux platines, pour une B. O. hip-hop endiablée, mêlant classiques nineties et embardées contemporaines. On hoche la tête en rythme, et avec le sourire. Because we’re happyyyy.
Première
par Christophe Narbonne
Spike Lee n’en finit plus de faire des émules. Après Justin Simien (Dear White People), c’est au tour d’un autre réalisateur afroaméricain de s’essayer au pamphlet fun et édifiant, qui veut donner une image positive de sa communauté sans chercher à la dédouaner de ses erreurs. Soit l’histoire de Malcolm, jeune geek fan du hip-hop des années 90, embringué dans une histoire de drogue qui met en péril son avenir tranquille. "Dope, c’est Risky Business pour la géné- ration 2.0", martèle Rick Famuyiwa dans sa note d’intention un peu trop programmatique. Le fait est qu’on se désintéresse assez vite de cette comédie certes rythmée, mais curieusement dénuée d’enjeux.