-
Dans ce contexte un peu surpeuplé, Dog Pound pourrait passer pour n’importe quel épisode d’Oz s’il n’affirmait sa singularité en se concentrant sur les délinquants juvéniles. Tout en exploitant les spécificités de cet<âge d’apprentissage (grande fragilité, violence plus spontanée), Chapiron travaille la réalité de ses personnages, interprétés par des acteurs très convaincants. L’un d’eux, Adam Butcher, est une vraie révélation. Le réalisateur se révèle assez efficace pour gérer une équipe instable dans des conditions risquées (la plupart des figurants sont de vrais délinquants). Il s’en tire très bien, terminant le film par une scène impressionnante d’émeute contrôlée qui, de la montée de la pression jusqu’à l’explosion, est un exemple en termes de durée et de rythme. Si Chapiron n’invente rien dans le genre, il fait un bond qualitatif énorme par
rapport à Sheitan et s’impose comme un metteur en scène avec lequel il va falloir compter.
Toutes les critiques de Dog Pound
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Mais au rayon réussite, il faut reconnaître à Kim Chapiron (Sheitan) un talent certain pour filmer à huis clos et diriger ses comédiens. Réaliste sans être naturaliste, spectaculaire sans être démagogique, le film tient sa ligne et déploie une tension et une intensité qui lui font échapper au lot commun du récit en prison.
-
Chapiron a passé plus d'un an dans les prisons pour mineurs américaines : il en a tiré le réalisme de son film, une volonté farouche de rompre avec la vision manichéenne du lieu, et surtout, un casting qui donne toute sa force au propos (...)
-
Ultraviolence et mise en scène brute, donc. Mais le fait d'avoir choisi les Etats-Unis (alors que la question est la même en France) affaiblit le propos humaniste. Dommage.
-
(...) Dog Pound fait moins penser à Alan Clarke qu'à son homonyme américain Clark, prénom Larry : il y a chez Chapiron la même fascination pour le sexe adolescent et la culture white trash. Comme Riad Sattouf dans ses Beaux gosses, Chapiron emprunte d'ailleurs le roulage de pelle sur acné de Kids, en ouverture de son film, avant de faire un clin d'œil appuyé à la scène de cunilingus ado-MILF so shocking de Ken Park. On sent bien que Chapiron est fasciné par ces bad boys parqués comme des chiens, il veut en faire des héros stylés. Erotisant la délinquance dès l'intro Tarantinienne du film (musique entraînante/panneaux de présentation des personnages), le film, plus immature que complaisant, ne convainc pas vraiment sur le créneau pamphlétaire, mais se laisse regarder comme un bon épisode de série carcérale : feuilletonesque et bien huilé, parfois interrompu par des accalmies nimbées de musique hip hop-soul (BO de K'naan), Dog Pound ressemble un peu à du Oz, version teen. Règlements de comptes à répétitions, viols et autres humiliations s'enchaînent avec un sens du rythme et de la punchline aussi solide que les torses de ses jeunes comédiens, tous excellents.
-
Avec « Dog Pound » (fourrière, en anglais), il a réussi à épater les Américains sur leur propre terrain. Tourné dans le Montana, son film, qui a nécessité un an de repérages, est une fiction poignante, servie par de remarquables jeunes acteurs, dans un établissement pénitentiaire pour adolescents délinquants. Sur un scénario haletant, « Dog Pound » restitue avec réalisme les luttes de clans, les humiliations et l’atmosphère d’émeutes d’un milieu carcéral.
-
Lorsqu'il assume ce côté film de genre, Dog pound brille par sa tension presque irrespirable et ses explosions soudaines de violence (le jeune héros qui se venge des kékés les plus dépravés de la prison à la manière d'un justicier sauvage). Mais dès qu'un enjeu vraiment sérieux pointe à l'horizon - comme lors du meurtre d'un des jeunes détenus mettant en péril tout le fragile équilibre hiérarchique des lieux -, ça se gâte un peu, Dog pound révélant une certaine incapacité à la complexité morale ou dramatique. La mise en scène, d'une sobriété extrême, est au diapason de cette modestie un peu forcée, comme si le cinéaste avait été muselé par la production. Rivée au quotidien de ses jeunes acteurs taiseux (tous excellents), elle suggère en permanence la promesse d'un embrasement, jouant d'un bel équilibre entre fougue réprimée et sécheresse romanesque. Pour toutes ces raisons, Dog pound atteint le niveau honorable d'un petit drame psychologique tirant habilement vers le thriller paranoïaque (le cercle vicieux de la violence qui se nourrit de la violence). On imagine aisément que le film visait plus haut (film à thèse concerné et responsable sur l'inadaptation des prisons juvéniles), mais c'est bien dans le strict registre de la performance et de l'efficacité qu'il emporte l'adhésion.
-
C'est là qu'on découvre la vraie force du Kim : sa direction d'acteurs et son indéniable sens de l'espace et de la mise en scène. Après la carte de visite (Sheïtan), voilà donc le premier film, pas mal, et plus risqué.
-
(...) ainsi rivé à sa description assourdie et linéaire de l'univers carcéral adolescent, Dog Pound parvient à se hisser au niveau honorable d'un petit drame psychologique sans discours édifiant ni complaisance crasse.
-
De ce formatage surgissent quelques pics de violence filmés sur la longueur, traversés par le souvenir du film carcéral d’Alan Clarke, Scum (1977). Mais dans ces moments de paroxysme, le cinéaste colle tant à son objet que, tout à son désir de convertir cette violence en jouissance spectaculaire, il semble incapable d’en dire quelque chose, sinon qu’il aime la filmer.
-
L’indignation, ou tout du moins le questionnement, qu’est censé provoquer le film est atténuée par l’impression d’assister à une succession de scènes archétypales du film carcéral, certes souvent fortes et vivement menées mais auxquelles manque l’affirmation d’un point de vue autre qu’une espèce d’impartialité assez maladroite.
-
Déterminé à dénoncer sans concession la sauvagerie régnant dans ces prisons où l'on ne fait rien (euphémisme) pour la réinsertion de ces jeunes chiens enragés (Dog Pound signifie "la fourrière"), il oscille entre une démarche critique documentaire, la même forme de fascination-répulsion pour le spectacle de la sauvagerie de ses protagonistes que celle de Stanley Kubrick dans Full Metal Jacket, et l'espoir que le spectateur passe outre les clichés, s'émeuve de la détresse de ces machos pathétiques.
Influencé par Scum, film d'Alan Clarke réalisé en 1979 sur les brutalités vécues et assénées dans un centre d'éducation surveillée britannique, mais aussi par les films de Larry Clark, tourné en partie avec d'authentiques délinquants, Dog Pound s'interroge sur le rôle des parents, de l'autorité, de ceux qui favorisent un tel déni de civilisation. Il n'en reste pas moins un film viril, et éprouvant.
-
Sans vrai coup de poing à asséner à ses spectateurs, sans coup de gueule qui porte et surtout sans volonté de transgression, Chapiron livre un film forcément dur, mais pas inconfortable. Parfaitement correct dans la forme, mais inabouti dans sa démarche artistique. Bref, après l’extra-terrestre Sheitan, volontairement déplaisant et aucunement inintéressant, Chapiron s’est un peu rangé et c’est dommage. On ne vous déconseillera pas pour autant son essai franco-américain, mais par extension on vous réorientera plutôt vers La zona, l’oeuvre coup de poing du mexicain Rodrigo Pla, qui en 2008 avait su déplacer l’exercice de démolition de l’ado dans les quartiers hautement surveillés d’une zone résidentielle bourgeoise.
-
Dans ce « film de prison », il y a toutes les figures imposées du genre : humiliations, brimades, violences, trafic et prise de drogues, mutineries. Et en plus, tout est vrai ou, du moins, susceptible de l'être : le réalisateur Kim Chapiron (Sheitan) et son scénariste ont longuement enquêté dans des prisons pour mineurs du Midwest américain. Et ils ont fait appel, pour bon nombre de rôles, à des adolescents délinquants ayant déjà vécu l'emprisonnement.
Ne manque rien, donc, si ce n'est l'essentiel. C'est-à-dire une nécessité, un point de vue, au-delà du sens très général donné par le titre - en français, « la fourrière » - et illustré à gros traits par le scénario : ces établissements mèneraient au mieux à la barbarie, au pis à la mort. Ces dernières années, la série télé Oz a porté le « film de prison » vers des cimes narratives et conceptuelles. On en est loin. Mais s'il s'agit de revenir à une forme plus simple et plus directe (Dog Pound est un remake de Scum, d'Alan Clarke, 1979), davantage de justesse et de vraisemblance psychologique aurait été bienvenues. Bizarre de voir un garçon brisé, prostré, devenir soudain l'histrion du dortoir avec ses histoire de cul... Un peu moins de lourdeur dans les effets n'aurait pas nui non plus : drôle d'idée de sursonoriser un viol, comme s'il était perpétré par Godzilla...