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En surface, Después de Lucía traite de harcèlement (ou bullying), sujet d’autant plus dérangeant qu’il est aggravé par l’utilisation de moyens de communication contemporains – Internet y est représenté comme une sorte de Far West virtuel qui, en l’absence de règles, incite à faire n’importe quoi, surtout le pire. C’est ce que va endurer Alejandra lorsque, à la suite d’une série de choix malheureux, elle découvre que ses ébats avec un garçon ont été postés sur la Toile. Sa réputation est ternie et elle devient la cible d’une série de vacheries, d’abus et d’humiliations dont le spectacle cruel exige d’avoir l’estomac bien accroché. Mais, en fi ligrane, se dessine un thème encore plus fort, celui du deuil, comme l’indique le titre suggérant que, après la mort de Lucía, le père et sa fi lle entament une nouvelle vie. Pourtant, alors qu’ils essaient de se ménager l’un l’autre, ils obtiennent l’effet inverse, les silences et les mensonges bien intentionnés ayant des conséquences dévastatrices. Dans la lignée de Daniel y Ana, son premier film, Franco confirme sa maîtrise du hors-champ, de la litote et du non-dit. Il est particulièrement doué dans la gestion des situations où le spectateur sait des choses que certains personnages ignorent (et vice versa). C’est le cas dans la relation du père avec sa fille. Mais lorsque les informations cachées finissent par remonter à la surface, la situation s’inverse, et les intentions du personnage deviennent imprévisibles. Le drame y gagne en intensité, jusqu’à la conclusion brutale et logique.
Toutes les critiques de Después de Lucía
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Doté d’un scénario, d’une mise en scène et d’une interprétation d’une rare intensité, ce drame implique immédiatement le spectateur pour ne plus le lâcher jusqu’à la toute dernière séquence.
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(...) ce film de Michel Franco saisit par son sujet aussi bien que par sa mise en forme.
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POUR : Des cadrages à la durée des plans, du jeu des comédiens au scénario, tout est précis, dense, déroutant, mais de manière étonnamment fluide (...) Pas de doute : un cinéaste est né.
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A partir d'un sujet de société (...) Michel Franco donne un chef d'oeuvre selon les mots du président du jury à Cannes. Michel Franco manie avec une grande virtuosité l'art du plan fixe, net et sans bavures, mais jamais gratuit, et du hors champs, terriblement suggestif.
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Un certain regard, le cinéaste mexicain Michel Franco livre un film choc, cousin de Michael Haneke dans son exploration clinique de la violence.
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La maestria de Michel Franco pour jouer avec les nerfs et les tripes de son public se révèle totale.
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Le cinéaste mexicain de 31 ans tricote habilement tragédie intimiste et analyse réaliste d’un fait de société, à savoir le harcèlement à l’école. Sans jamais être voyeur ni racoleur, il décortique l’engrenage infernal du processus, montre la cruauté des bourreaux et la passivité quasi sacrificielle de la victime. (...) C'est réussi !
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Michel Franco, qui, dans « Daniel et Ana », montrait les ravages d’un inceste contraint entre un frère et sa sœur, ne cesse de dénoncer la violence qui déchire son pays à l’échelle de la famille. Plaçant toujours sa caméra au bon endroit, privilégiant les espaces clos, il dépeint l’incommunicabilité et deux trajectoires diamétralement opposées : Roberto s’ouvre au monde, Alejandra se replie sur elle-même. Econome de ses mots et de ses effets, à la fois simple et glaçant, le film (prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes) est, à l’image du geste final de Roberto, d’une cruauté sans nom.
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La jeune Alejandra dans l'enfer du harcèlement moral. Une belle leçon d'humanité.
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Michel Franco reste évasif sur ses intentions à coups de «montrer ce qui existe», réfutant toute analyse sociale, tout propos sur la spécificité de la violence omniprésente au Mexique… Tel quel, le film demeure étrangement opaque et persistant, une fable contemporaine qui agace les nerfs et laisse pantois grâce à un long dernier plan séquence particulièrement réaliste dans sa brutalité.
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C'est un film glaçant où le malaise s'insinue peu à peu. C'est tout l'art de Michel Franco de faire monter la pression jusqu'à l'insoutenable, de passer de la douleur d'un deuil à une tragédie bien plus effrayante que la mort, celle du harcèlement.
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"Después de Lucía", dans son obstination ad nauseam, devient au mieux un support de communication destiné à édifier les masses quant aux ravages du bullying à l'époque d'Internet. Il est pourtant peu probable que la candeur de cette dimension pédagogique s'accommode d'un film dont l'épilogue en rajoute encore dans la noirceur auto-satisfaite.
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Formellement, ce film primé à Un Certain Regard est irréprochable. Sur le fond, sa manière de faire durer l'ignoble à l'écran et de jouer avec le supportable a divisé la rédaction. Certains la jugeant manipulatrice. Il est cependant évident qu'on ressort de ce film mal à l'aise... et sûr d'être face à un auteur.
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On sort du film avec l'impression d'avoir reçu un coup de marteau sur la tête, et une question : ce spectacle est-il bien nécessaire ? Peut-être faut-il vivre au Mexique pour y répondre.
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Récit d'un deuil impossible, le film évoque la période qui suit le décès à travers une mise en scène hyper rigide où le salut n'a pas de prise.
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CONTRE : Un metteur en scène (...) se doit d'avoir un regard clair. Celui de Michel Franco est trop flou, trop maladroit et donc trop complaisant pour ne pas susciter une gêne infinie.