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Michel Houellebecq a pris des champignons hallucinogènes. Ça ne va pas fort : il n’arrive plus à parler et sa gueule de Droopy cadavérique est quasi liquide… La situation dure longtemps, plusieurs scènes, au point que Houellebecq semble avoir quasiment disparu du film. Si Guillaume Nicloux a longtemps observé l’auteur comme un objet de comédie insoupçonné, capable de saillies démentes (L’Enlèvement de Michel Houellebecq et plus récemment Thalasso), il le regarde aujourd’hui comme un homme qui n’aurait plus de vraiment de corps, subissant son statut de fantôme entre deux mondes. Jamais à sa place, inadapté, éteint. Le poids de ses derniers bouquins et de ses déclarations polémiques est passé par là : très conscient de jouer avec de la nitroglycérine, Nicloux lui affuble Blanche Bardin comme garde-chiourme, électron libre qui le remet vertement à sa place (« Mais tu dis n’importe quoi ! »), avant de filer à un concours de sosies de Michel Houellebecq se déroulant en Guadeloupe. L’idée est assez géniale pour propulser un film forcément bancal (beaucoup d’impros) mais souvent tordant, où rien n’est tout à fait vrai ni complètement faux. Au milieu de ce joyeux bazar, se confrontent un repli communautaire tout houellebecquien et le passé esclavagiste de la Guadeloupe, avec, notamment, de réelles interviews d’indépendantistes. On comprend vite qu’au-delà de la farce et de l’autopsie de Houellebecq, il s’agit surtout pour Nicloux de s’interroger sur ses contradictions. Et donc les nôtres.
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- Dans la peau de Blanche Houellebecq
Dans la peau de Blanche Houellebecq
Première
(1 critique)