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Deux enfants, Ben et Tom, rejoignent leur père en Suède pour les vacances. Sauf que leur papa est un peu bizarre et décide du jour au lendemain de les emmener au cœur de la forêt se cacher dans une maison perdue. Arrêtons-nous au seuil de ce résumé pour ne pas gâcher les surprises du scénario de Dans la forêt. Sachez qu'il s'agit d'une histoire de fantastique, où l'on flirte avec le surnaturel, et que certains passages sont réellement flippants en convoquant les terreurs nées de la surpuissance de l'imaginaire enfantin -quand un bout de bois devient une silhouette menaçante, ou quand un bruit de branches dans la nuit devient le bruit de pas d'une créature malfaisante. La peur ressentie physiquement par les spectateurs naît de la tension du jeu entre Jérémie Elkaïm, imprévisible dans ses sautes d'humeur (et flippant par le renversement de la figure parentale vue comme une menace et non une protection), et le tout jeune Timothé Vom Dorp, bluffant de naturel face à l'angoisse.
Pas de côté
Les films de genre français (c'est-à-dire horreur, fantastique) sont tellement rares qu'ils sont d'abord jugés pour leur existence intrinsèque, et sans doute avec plus d'indulgence que la plupart ne mérite : Dans la forêt mérite d'autant plus des louanges qu'il repose sur un récit simple et très solide, et sur des effets de cinéma d'une efficacité redoutable. Gilles Marchand a déjà tenté de s'attaquer au fantastique avec plus ou moins de réussite (Qui a tué Bambi ?, L'Autre monde). Ici, fantastique et folie sont une seule et même chose : un glissement subtil, un pas de côté vis à vis du réel. En même temps, Dans la forêt évoque de par son cadre (un père et ses enfants, la forêt primale) aussi bien L'Autre de Robert Mulligan que les contes anciens les plus puissants. Et y fait surgir une créature terrifiante comme on en a rarement vu dans le cinéma français de genre, en évitant le piège de la référence 80s trop souvent brandie comme un étendard.