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Pour son premier film, le Mexicain Michael Franco frappe très fort. Sans jamais être crapuleux, il n'élude cependant rien, filmant, comme Gus Van Sant, ses personnages de dos, écrasés par le poids d'un double viol, celui de la chair et du sang, ou en plans fixes, le regard toujours baissé vers un entresol d'où personne ne les entend crier. L'image est clinique, les plans opérés à coeur ouvert. On pense au choc des premiers Haneke.
Toutes les critiques de Daniel & Ana
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le film chargé d'un tel choc ne va pas changer radicalement de visage. La distance qui nous sépare des personnages reste la même et si l'atmosphère devient plus pensante, la caméra, comme chez Gus Van Sant, accompagne la marche délicate des êtres pour révéler leurs errances intérieures. Le résultat n'en est que plus intense.
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Avec douceur, Michel Franco suit Ana et Daniel dans leurs déambulations urbaines, frôle leurs corps adolescents, s'insinuant discrètement dans leur mal-être progressif. Peu de dialogues sont échangés entre le frère et la sœur, et pourtant, on ressent physiquement le déchirement à l'œuvre, irrésistible et irréversible : la pulsion réfrénée de Daniel travaille chaque plan du film, tout comme la rancœur rentrée de sa sœur Ana. Michel Franco, c'est la force de ce film dérangeant, ne juge personne et laisse le champ libre à la réflexion. Il sonde seulement, en témoin attentif mais effacé, la progression du Mal en tant que virus. Mal dont le joug violent et arbitraire peut contaminer et souiller les plus belles choses au sein des familles les plus sereines, révéler nos vices en les amplifiant, mettant ainsi à jour nos tabous enfouis.
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C'est un film sur les ravages du viol, la honte qui en découle, la destruction de soi, la solitude morale, la répulsion immédiate de toute sexualité, la tentation du néant. Regard fuyant, Daniel sèche les cours, abandonne ses entraînements sportifs. Ana reste prostrée au lit, rompt ses fiançailles, fuit ses amies. Elle a un réflexe de survie en allant voir une psychologue, y traîne son frère. Autant de tourments, complexes et tabous, que Michel Franco affronte avec une saine distance, sans hystérie ni trémolos, mais avec une lucidité rare.
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(...) dialogues minimalistes, refus de toute explication psychologique, personnages souvent filmés de loin et de dos. La distance n'exclut pourtant pas l'empathie du jeune réalisateur pour ses héros brisés par la honte, incapables de révéler leur secret à leur famille. Un temps prostrée, Ana apprend à surmonter son traumatisme pendant que Daniel, de plus en plus mutique, s'enfonce dans la solitude et le mal-être. L'énergie radieuse de Marimar Vega (star de la télévision mexicaine) et la sobriété de Dario Yazbek Bernal (petit frère de Gael García) contribuent à la réussite de ce film aussi dépouillé que vibrant.
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On se demande pourquoi le cinéma mexicain ne parvient pas à construire des drames nuancés sans confondre les rubriques société et psychologie.