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On n’avait pas vu ça depuis… depuis quand au fait ? Un film français, de genre, qui trace sa route en ne s’embarrassant jamais de références ni d’explications. Cruel fait le portrait d’un tueur en série (interprété par le troublant Jean-Jacques Lelté). Un type comme vous et moi, un intérimaire avec un père à charge, qui n’a pas vraiment d’horizon et semble s’en accommoder. Comme vous et moi. La différence c’est que ce héros triste kidnappe et assassine des inconnus sans raison. Pas de giclées gores, pas d’excuses psychologisantes ou tragiques, pas de pulsions sexuelles refoulées… Juste des faits. Mais quand le héros noue une relation avec sa prochaine victime, la mécanique se dérègle. Par son absence d’effets superflus et de sensationnalisme, Cruel fait beaucoup penser à Henry, Portrait of a serial killer. Même observation quasi-entomologique, même volonté de rester à hauteur d’homme pour faire froid dans le dos. Cruel a une sacrée gueule et rappelle le meilleur du noir nihiliste, profond, désespéré. McNaughton, Ferrarra ou viennent de se trouver un petit cousin français.