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(...) la sécheresse austère de la mise en scène s'accordant avec la peinture glaciale d'un monde ultra compétitif où les écarts sont tolérés, mais seulement parce qu'ils pourront être utilisés plus tard contre les imprudents. Le film prend une toute autre tournure à partir d'un rebondissement invraisemblable (...). Malheureusement, cette seconde partie empile les construction artificielles qui prennent de l'avance sur le spectateur, l'obligeant à attendre patiemment qu'on lui déplie le catalogue de révélations. Encore faudra-il partager la fascination fétichiste du réalisateur pour la mécanique. Faute de cruauté, il réduit son film à un théâtre de marionnettes.
Toutes les critiques de Crime d'amour
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Reposant sur une construction en deux temps dont il serait vraiment dommage de trop en dire pour ne pas compléter inutilement un trailer suffisamment explicite, le nouveau polar de Corneau régale jusqu’au bout, dans ses dialogues piquants, ses situations tordues et ses rebondissements, certes totalement prévisibles, mais qui mènent à un formidable petit twist final. Bref, au vu de son sujet et de son casting royal, Corneau pourrait bien s’offrir l’un des succès de cette rentrée cinématographique. On le lui souhaite.
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Il s'agit là d'un polar "à l'ancienne", qu'il conviendra de regarder en oubliant tout ce qu'on a appris grâce à la télévision sur la police scientifique. Car le cinéaste, c'est certain, n'a jamais vu un épisode des Experts ! Rafraichissant donc...
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Crime d'amour délivre son venin à petites doses. Trop petites peut-être. Mais ça fonctionne à la longue, dans une économie de mouvements remarquable. L'ambiguïté est là qui flotte, dans un climat de tension sexuelle singulier. C'est "l'amour" pousse-au-crime du titre qui passe le moins bien finalement. Car c'est moins par amour ici que par humiliation qu'on tue. Mais le sujet est d'une belle ingéniosité.
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Derrière le titre, franchement peu engageant, Alain Corneau nous sert un polar où les travers du monde de l’entreprise (cruauté, manipulation, malversations, etc.) servent d’écrin à deux beaux portraits de femmes en lutte à mort. Méconnaissable comme à chacune de ses apparitions, Ludivine Sagnier est effrayante d’intelligence blessée.
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La gorgone en Scott Thomas s'éveille. Leur jeu est parfait. Il en ferait presque oublier la trop grande différence d'âge entre elles dont pâtit la crédibilité de Crime d'amour.
Difficile, en revanche, de passer sur les choix de construction déboussolants de Corneau, embrayant sans préambule sur de la séduction affichée et étirant sa résolution dans l'illustration. Dommage. -
Alain Corneau connaît tous les codes du polar, qu’il a souvent explorés dans sa carrière. Cette fois, il s’éloigne des films de gangsters classiques comme « Police Python 357 », du polar réaliste du « Cousin », et de la flamboyance de son remake du « Deuxième Souffle » de Melville. Le cinéaste nous offre un film noir hyperstylisé, dont l’intrigue machiavélique est conçue comme une mécanique d’horlogerie, avec des rebondissements qui ménagent le suspense jusqu’au bout.
Corneau, qui lutte actuellement contre la maladie et ne peut assurer personnellement la promotion de son film, a été marqué par les scandales du monde de la finance. « A partir du moment ou j’ai trouvé que le mobile du crime ne pouvait être que l’humiliation, j’ai tout suite pensé à la vie de bureau », expose-t-il dans le dossier de presse. « Il y a, en creux, le portrait d’une société, des grandes compagnies multinationales. » Cet aspect-là de l’histoire est le moins convaincant.
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Tant qu'on se demande qui va tuer qui et pourquoi, Crime d'amour procure toutes les sensations coupables qu'un bon client est en droit d'espérer. Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier jouent sans retenue la partition de leur duo amoureux, sadomasochiste pour spécialistes du droit des affaires.
Cette débauche de vilenies doit bien culminer, et le film ne s'en remet pas mieux que la victime. Jusque-là, Alain Corneau avait mis en scène une accumulation de signes, dans lesquels on était invité à discerner la voie du crime. Avant même son accomplissement, il n'était pas besoin d'une maîtrise en criminologie pour deviner la direction du coup fatal.
Une fois la victime expédiée dans l'autre monde, il faut supporter un très long dénouement, qui développe tous les détails d'une conspiration dont on n'a plus grand-chose à faire. Le système d'explication, qui repose sur des retours en noir et blanc, alourdit le récit jusqu'à l'arrêter quasiment, et l'excitation de la première heure laisse la place à un ennui qui ferait presque oublier le plaisir que l'on vient de prendre. -
De toute évidence, Crime d'amour est un exercice de style. C'est son charme et, en un sens, sa limite. Comme dans Police Python 357 et dans ce qui reste son chef-d'oeuvre, Série noire, avec Patrick Dewaere et Bernard Blier, Corneau détaille les pièges que ses héros ourdissent pour mieux tomber dedans. Les lumières - froides - et les décors - glacés - encouragent une paranoïa légère, à la lisière du fantastique. La musique (du jazz, que le cinéaste utilise en orfèvre) accentue encore l'étrangeté. Tard dans l'action, au moment où on s'y attend le moins, Kazuko, joué au saxo par Pharoah Sanders, crée soudain l'inquiétude et la mélancolie.
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Sept ans après Stupeur et tremblements, Corneau investit à nouveau l'univers impitoyable de l'entreprise, avec ce thriller psychologique qu'il voudrait hitchcockien. Si le scénario l'était, son Crime d'amour, dénué d'âme, de passion et de chair, en reste bien éloigné.
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La mise en scène manque de tenue et Ludivine Sagnier n'est pas crédible une seconde. Grande déception pour les fans de Corneau.