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On ne va pas se mentir : que l’on adhère ou non à la production récente de David Cronenberg, le cinéaste de Vidéodrome et de Crash commençait sérieusement à nous manquer. Débouchez le champagne car il habite chaque plan de Cosmopolis. Même s’il adapte ici l’oeuvre d’un autre, le cinéaste canadien a reconnu ses petits dans le roman de DeLillo, odyssée absurde et obstinée d’un jeune loup de la finance qui fait défiler collègues, maîtresses ou médecins personnels dans sa limousine high-tech. Lorsqu’il arrivera à, il n’aura peut-être plus rien (la monnaie japonaise menace son portefeuille, sa femme lui impose une distance de plus en plus insupportable), si ce n’est la réponse à cette question qui le hante sans qu’il parvienne à la formuler : celui qui possède tout peut-il encore désirer quoi que ce soit ? Cronenberg s’est assuré que toutes ses obsessions jalonnent l’itinéraire, qu’elles soient intellectuelles (la quête d’une « autre » réalité) ou charnelles (au terme d’une scène qui va faire jaser, Packer apprend que sa prostate est asymétrique). Trônant sur la banquette arrière, Robert Pattinson révèle une profondeur toujours plus fascinante à mesure que le personnage se rapproche de l’abîme. La peur qui envahit son visage dans les derniers instants n’est pas uniquement celle de cet antihéros arrivé au point de non-retour, c’est aussi celle d’un acteur testant ses limites avec une bravoure insoupçonnée. Virée en enfer fiévreuse et décadente, Cosmopolis prouve qu’il n’est pas près de les atteindre.
Toutes les critiques de Cosmopolis
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une fable terrible sur le capitalisme vue à travers les yeux d’un trader en limousine. (...) Pour incarner Eric Packer, Cronenberg a choisi Robert Pattinson, coup de génie mutuel. L’acteur-étoile file de Twilight à Cosmopolis avec une incroyable aisance, incarne à merveille ce mélange de jeunesse et de cruauté, de sex-appeal et de déliquescence, de désir et de mort, cette maladie de la win confinant à la pathologie morbide qui irradie ce film et emblématise notre époque.
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David Cronenberg fait du roman de Don DeLillo un cauchemar quasi métaphysique. Dialogues parfois abscons, mais mise en scène magnifique.
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Le film est à l'image du projet : fou et pourtant si tragiquement linéaire. Loin de son vampire bio de Twilight, Robert Pattinson s'affirme comme l'égale d'un Di Caprio ou d'un Brad Pitt, Tour à tour froid, calculateur, charmeur, apeuré, désespéré, il habite son rôle d'une façon magistrale.
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Cronenberg, le réalisateur de Crash et de A History of Violence n'est pas dans l'indignation vertueuse ni dans le film à message. Son travail est celui d'un grand artiste qui réinvente notre monde. Images de Manhattan argenté, personnages vampirisés par la compétition économique comme par une peste invisible, visions métalliques d'une humanité esseulée, dont les corps se rencontrent sans jamais se trouver. Eric Packer a une femme d'une froideur hitchcockienne (Sarah Gadon), qui - de taxi en librairie - se refuse obstinément à lui. Et quand il satisfait sa libido avec sa maîtresse (Juliette Binoche), le plaisir ressemble à l'agonie. Cronenberg n'a jamais été aussi loin dans son exploration de la nouvelle sainte trinité contemporaine : le sexe, l'argent, la mort.
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Cronenberg a choisi d'adapter à la lettre la prose ultra-riche de DeLillo, filmant avec une incroyable inventivité ce huis clos suffocant et déstabilisant. (...) Comme d'habitude avec Cronenberg il n'y a pas de demi-mesure, pas de seconde entrée, pas d'échappatoire. Cosmopolis se vit à plein ou pas du tout. C'est à prendre ou à laisser.
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[Pour] Ce gigantesque dérèglement universel sera non seulement cristallisé par le parcours du personnage, mais aussi par une mise en image qui (...) a l'audace d'épouser son sujet sans essayer de plaire.
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Cosmopolisa grâce à Robert Pattinson est fantastique (...) Si les fans aiment vraiment "Rob" et pas uniquement "Edward Cullen", ils se devront de découvrir Cosmopolis.
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(...) si le film reprend à son compte la vision du monde qu'offre le roman de DeLillo, le cinéaste a dû adapter la matière du livre pour façonner le superbe objet cinématographique qu'il nous livre aujourd'hui.
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En adaptant Cosmopolis de Don DeLillo, David cronenberg offre un film pour notre temps (...) [e]t donne une figuration définitive du capitalisme-monde. Cosmopolis et un film qui restera.
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Cronenberg renoue avec la veine moins corseté de ses films précédents (...) Robett Pattinson dans la peau de ce financier étranger au monde réel, (...) casse son image de starlette.Aussi beau que bon, s'impose comme un futur grand.
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Après A Dangerous Method, Cronenberg renoue avec les affres de l'Amérique actuelle (...) Au programme : sexe et jeté de rats (!) pour une vision apocalyptique d'un univers dominé par l'argent. Moins malsain mais tout aussi troublant que Crash (prix spécial du jury à Cannes en 1996).
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Cronenberg embrasse les figures imposées par le roman avec une maestria qui impressionne d'autant plus que le cinéaste ne cherche jamais à en surligner les effets.
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Cronenberg prouve avec brio qu'il n'a jamais fait autre chose que se mettre au service de récits mettant son cortex en ébullition.
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(...) la mise en scène est un modèle de simplicité et d'invention (...). Elle traduit sans effets tarabiscotés une vérité vertigineuse. (...) Robert Pattinson, à l'aise dans chaque scène et dans tous les registres, [est] convaincant d'un bout à l'autre.
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Comme une crise de nerd, le film est un plug enfoncé dans le fameux corps sans organe du capital.
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Confus, délirant, souvent abscons, le film a juste le mérite de sortir Robert Pattinson de ses rôles de vampires romantiques.
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Difficile à suivre, différent de tout ce qui se fait aujourd’hui, le film ressemble à une pièce de théâtre volontairement obscure : on ne comprend jamais la succession des actes. Pour certains, c’est génial, pour d’autres, nul. A chacun sa vérité.
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Adapté du roman de DeLillo, qui anticipait la crise financière, Cronenberg ne quitte quasiment pas l'habitacle de ce symbole du luxe et des privilèges. Le ton est métallique, sans affect, la forme distancée. Robert Pattinson ne s'en sort pas si mal. Brillants pour les uns, assommant et verbeux en ce qui nous concerne.