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(...) quel plaisir de retrouver l’actrice dans un rôle drôle et déluré, maquillée comme une voiture volée et animée d’un farouche instinct de bonheur. Voir Huppert fumer un joint en collants violets ou l’entendre balancer des « Trop pas » ou des « J’hallucine ! » à sa fille (qui plus est sa vraie fille dans la vie, Lolita Chammah, contrepoint idéal) est assez comique en soi, mais là n’est pas du tout l’essentiel de cette comédie sociale à visée existentielle. Babou est une résistante, une égoïste généreuse et altruiste qui dit ce qu’elle pense sans nourrir de préjugés, fait confiance, s’en prend plein la gueule mais recommence. Le genre de joie de vivre obstinée qui énerve les moroses, plus enclins à y voir une inconséquence des choses. Marc Fitoussi parle de ceux qui vivent la peur au ventre et des autres, ces irresponsables qui n’ont peur de rien et prennent une centrale électrique pour la baie de Rio. D’ailleurs, la meilleure idée de Copacabana est peut-être de se dérouler dans le nord. Ostende, sa mer délavée, son soleil blanc sinistré et ses appartements cages à poules aseptisés avec tableaux de galets faussement zen
aux murs. L’intime conviction que rien ne s’y passera jamais, et pourtant, sur la plage, soudain, le grain de sable.
Toutes les critiques de Copacabana
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Commencé comme un duo pour baby-boomers et enfants de la crise – le goût de l'errance et de l'improvisation contre le désir de stabilité et de certitude –, Copacabana se transforme vite en comédie tonifiante. Par ailleurs, le réalisateur, aidé en ceci par l'image de la chef opératrice Hélène Louvart, renvoie sans cesse ce joli conte à la réalité qui l'entoure. Que ce soit la précarité à Tourcoing ou les joies de l'immobilier touristique à Ostende, on sent que le monde, ses injustices et ses coups de hasards, reste en embuscade, prêt à faire ses sales coups à ces gentils personnages. Si bien que le spectateur se retrouve dans la situation, rare pour celui ou celle qui fréquente les salles d'art et d'essai, de trépigner dans l'espoir d'un happy end, conclusion peu fréquente quand un film parle d'une chômeuse du Nord – Pas-de-Calais.
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Isabelle Huppert, en charge du personnage le plus fantasque, montre l’étendue de sa palette comique. Lolita Chammah a du répondant. Les seconds rôles (Aure Atika, en cadre sans pitié) existent vraiment. « Copacabana », comédie à l’anglaise, filmée en Belgique, où la bossa-nova s’invite, est sans aucun doute le film de ce début d’été, celui avec lequel Fitoussi (déjà auteur de « la Vie d’artiste ») peut s’imposer.
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L'une est (trop) exubérante et l'autre (trop) réfléchie. La mère et la fille décrites par Marc Fitoussi dans Copacabana ont tout ce qu'il faut pour se déchirer. Le réalisateur de La Vie d'artiste (2007) confronte une maman qui se découvre vendeuse de choc d'appartements en multipropriété et sa fifille qui l'a bannie de son mariage.
Tableau de l'univers redoutable du monde de la vente et double portrait de femmes, cette chronique réunit un duo exceptionnel. Isabelle Huppert et Lolita Chammah – sa véritable fille – se heurtent au gré d'un scénario laissant la part belle à leurs affrontements. -
Comédie sociale et familiale, Copacabana aurait tout aussi bien pu donner prétexte à un mélodrame. Mais Marc Fitoussi, déjà auteur du joli La Vie d’artiste, a préféré en tirer une comédie fort émouvante.
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Cas asocial, voire égoïste, en tout cas souvent sourde à la parole des autres (cf. le dialogue avec son ancienne meilleure amie, l’exquise Noémie Lvosky, vers qui elle revient pour lui taxer sa voiture et fuir à Ostende en Belgique), Babou reste toujours intègre, mue par un paradoxal besoin de générosité vers les plus démunis. Elle offre au film quelques grands moments d’humanité, touchant la corde sensible des spectateurs à plusieurs reprises, alors que jamais le cinéaste ne déballe les grosses ficelles du mélo. On retiendra à ce niveau la relation complexe que la protagoniste établit avec sa working-girl de patronne, remarquablement incarnée par Aure Atika. Le dénouement de leur histoire se joue en un regard, bref mais signifiant. Il résume toute la finesse de Copacabana et de son auteur. A suivre.
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Un peu à la façon du récent Mammuth avec Depardieu, Copacabana offre donc un double attrait : une partition brillamment renouvelée pour une star nationale, et une fantaisie qui transcende des situations tristounettes, sans verser pour autant dans la guimauve. En ce sens, le film est un exemple de francisation réussie d'un genre typiquement américain, ces feel good movies supposés nous faire sortir des salles plus joyeux. En exergue, on aurait bien vu le fameux mot d'Ingrid Bergman : le bonheur, c'est une bonne santé et une mauvaise mémoire...
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Isabelle Huppert est définitivement notre plus grande actrice : la voilà dans un rôle auquel sa filmographie ne nous a pas habitués, celui d’une femme déroutante, dilettante et originale, drôle et touchante, plongée dans le monde sans pitié qu’est devenu celui du travail aujourd’hui. Une nouvelle fois, Aure Atika dans un beau second rôle de supérieure hiérarchique fort bien écrit, nous étonne par la justesse et l’intelligence de son interprétation. Elle est inquiétante, menaçante même, terriblement injuste, « en guerre » elle aussi. Ces brumes du Nord sur lesquelles les douces et chaudes mélodies de Gilberto Gil et Chico Buarque veillent en amies, sont bouleversantes.
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Babou, mère excentrique et fauchée, tente de se rabibocher avec sa fille unique, Esmeralda, un peu coincée. Jusqu’au jour où elle trouve un job de vendeuse d’appartements en plein hiver… Sur ce thème qui pourrait être plombant, le réalisateur réussit une comédie pleine de peps, formidablement dialoguée, où le tandem Huppert, mère et fille, fait des étincelles.
Quant à Aure Atika, en chef d’une agence immobilière, avec son look d’« executive woman » très stricte, elle casse la baraque. Au final, c’est samba pour tout le monde. -
Cette comédie singulière — du genre qui fait sourire plus que se taper sur les cuisses — repose sur une formidable galerie de personnages.
L’heureuse union du Nord et de la musique brésilienne, la qualité de l’interprétation et, hourra !, la drôlerie d’Isabelle Huppert valent le voyage. -
Entre satire sociale sur une fêtarde au turbin et comédie dramatique sur une maman délaissée par sa fille, Copacabana est à l'image du plat pays qu'il met en scène: sans relief. Comme dans le précédent film de Marc Fitoussi, La Vie d'artiste (2007), l'humour se savoure sans provoquer de grands émois. Reste le portrait simple mais joli d'une femme en train de grandir, après quarante ans d'immaturité.