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Conscients des limites du dispositif, les cinéastes sont parvenus à faire de ce cahier des charges strict un avantage et
même une force. En ne filmant pas les réactions, ils se concentrent sur l’orateur, faisant de Commissariat un documentaire sur des individus et non sur une institution, à l’inverse de ce que ce titre à la Depardon annonçait. L’absence de dialogues entre les plans met aussi en valeur, de manière intelligente et subtile, la difficulté du contact, allant parfois jusqu’à la rupture, entre les riverains et la police. Cerise sur le gâteau : on est souvent surpris de prendre les réalisateurs en flagrant délit d’humour sur un sujet aussi sérieux.
Toutes les critiques de Commissariat
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le récit est bouleversant, il prend à bras-le-corps l'humanité dans sa lumière la plus crue, et toutes les paroles convergent vers le domaine affectif. Ici, pas de scénarisation tendancieuse, pas de montage cut, pas d'interpellation musclée. Les policiers sont d'authentiques assistantes sociales, qui n'ont jamais semblé aussi proches de ceux assis de l'autre côté du bureau.
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Un excellent documentaire qui investit un commissariat de province pour mieux comprendre le rôle de la police et ses missions à l’heure de la crise. Edifiant.
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Commissariat ne dénonce pas, laisse au spectateur le soin de se forger une opinion, sans jugement ni manichéisme comme c'est trop souvent le cas dans ce genre d'exercice. Le film s'impose alors comme un vrai moment de vie, proche de nous et qui de ce fait en devient passionnant.
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par Gaël Golhen
Délesté de toute tentative d'explication ou d'analyse, ce doc impressionnant finit par ressembler à du Jim Thompson normand. Vraiment flippant.
Encadré, au début et à la fin, par deux clichés lancés comme fausses pistes (une cuisinière lâchée du haut d’un HLM, le nettoyage d’un mur au Kärcher), Commissariat va plutôt puiser son inspiration du côté du Wiseman de Law and Order.
Avec ses longs plans fixes qui laissent place au hors-champ et dévoilent le dispositif – les gens ont conscience d’être filmés et le manifestent –, le film interroge sans relâche le rapport au pouvoir et à l’institution, instaurant un dérangeant (mais passionnant) parallèle flic-citoyen.
Un beau film, donc, qui prouve que le territoire n’a pas dit son dernier mot face à la carte.
Entre misère et alcoolisme, la solitude de ces êtres finit par trouver un écho dans celle des gardiens de l’ordre que leur fonction ne différencie guère qu’en apparence. Un documentaire parfois franchement drôle sur la souffrance humaine qui, au regard de sa modeste facture, aurait davantage eu sa place en prime-time à la télévision.
A quoi ressemble une ville qui héberge un tel microcosme ? Le film pousse à se poser cette question, mais la réponse qu'il apporte est trop parcellaire. Sans doute reflète-t-il une réalité propre à Elbeuf, mais il ne donne pas d'indice qui permettrait d'évaluer le degré d'anamorphose opéré par la mise en scène. Un malaise en résulte, qui amoindrit un peu l'intérêt, réel par ailleurs, de ce qui est montré.
Au fil de la chronique s'esquisse, aussi, un portrait de la ville - pas encore la banlieue, plus vraiment la province - et d'une population qui vivote. Détresse affective, chômage, alcoolisme : chaque séquence confirme le lien entre misère sociale et délinquance. Dénué de tout a priori idéologique, le film devient passionnant lorsqu'il délaisse les auditions musclées pour ces tête-à-tête intimes où le rappel à l'ordre cède la place à l'écoute. Les aveux tournent, alors, à la confession, et l'on entrevoit, enfin, ce qui se cache derrière la rigidité de la posture policière. De l'angoisse et de la solitude, quelques salauds, pas mal de braves types. Des gens, au fond, pas si différents de ceux qui sont assis en face d'eux, du mauvais côté du bureau.