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Au fil des témoignages, le procès passe en revue tous les aspects humains et techniques de la crise, et l'intérêt croît avec l'importance des intervenants - le plus effrayant étant un économiste partisan de la dérégulation. Si le fond est irréprochable, on peut déplorer la pauvreté de l'image, filmée avec un vieux Caméscope et parfois à travers le pare-brise même pas nettoyé d'une voiture traversant des banlieues fantômes.
Toutes les critiques de Cleveland contre Wall Street
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Comme dans Le Génie helvétique où il était parvenu à faire comprendre le fonctionnement de la démocratie suisse à partir d'un exemple concret, Jean-Stéphane Bron a trouvé ici un dispositif pour faire comprendre les mécanismes de la récente crise économique mondiale.
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De l'exécuteur au théoricien, le cheminement est parfait et la réussite de Cleveland contre Wall Street est de parvenir à expliquer le fonctionnement ahurissant des subprimes en évitant le pensum attendu grâce à un adroit montage. Mais, surtout, le cheminement du débat pointe implicitement en glissant sans lourdeur du particulier au général - malgré une instruction à charge et à décharge - la responsabilité de tout un système.
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Les interrogatoires, menés par de "vrais" juges, de "vrais" avocats, avec de "vrais" témoins", éclairent sous un angle à la fois humain et pédagogique la fameuse crise de subprimes. Ce film réparera-t-il à lui seul l'injustice liée aux excès du capitalisme ? En tout cas, on en apprend de belles sur l'économie mondiale !
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Rien n'est tout noir ou tout blanc. Aucun coupable n'est désigné. A défaut d'être l'oeuvre définitive sur le sujet, ce film fait naître de saines interrogations.
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Il fallait donc un Suisse inconscient pour s’attaquer à l’inconscient de l’Amérique ! Voilà un film étonnant dans sa forme et édifiant dans son résultat. Le sujet ? Suite à la crise des subprimes, de très nombreux habitants de Cleveland (Ohio) ont été dépossédés de leurs biens.
Le 11 janvier 2008, la ville a attaqué en justice les banques américaines responsables de ce tsunami économique. Le procès n’a jamais eu lieu. Jean-Stéphane Bron a trouvé les — vrais ! — acteurs pour le reconstituer. D’habitude, les procès filmés font fuir. Pas ici. Et la délibération du jury donne lieu à un vrai suspense. -
Qui dit procès, dit enfin jury et verdict. On laissera le spectateur découvrir l'un et l'autre, pour ne pas lui gâcher sinon son plaisir, du moins son édification morale et civique. Voilà, en un mot, un très bon film, qui aurait sans doute pu gagner à creuser davantage la convention de sa propre mise en scène, mais qu'on recommande chaudement.
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L'une des forces de ce documentaire, c'est de faire preuve jusqu'au bout d'une honnêteté intellectuelle qui garantit à chaque camp une équité de traitement. Même si les scènes tournées en marge du procès sont implacables. Un plan sur le visage d'un homme assistant, impuissant, à la vente aux enchères de sa maison, un lent travelling sur les pavillons vandalisés d'une rue fantôme suffisent à résumer les dégâts engendrés par les saisies : détresse, paupérisation, délinquance.
C'est pourtant dans ces mêmes quartiers désertés que le film donne encore quelques raisons d'espérer. On y trouve une société civile combative, dont la volcanique Barbara Anderson, membre de la partie civile, est l'une des figures de proue. Animatrice d'une cellule militante à Slavic Village, Barbara incarne un solide esprit de résistance grandi sur les ruines d'un mythe. Car, au-delà des subprimes, c'est bien de la faillite d'une certaine Amérique que ce procès prend acte : celle de la vie à crédit et du mirage de la surconsommation. L'avocat de Wall Street ne s'y trompe pas, qui ose inviter le jury à « continuer le rêve américain » en citant Churchill : « Quand tu traverses l'enfer, surtout continue d'avancer »
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Les réserves que le film inspire a priori doivent donc moins à son schématisme, assumé et fécond, qu'à l'impression d'un certain enfonçage de portes ouvertes. D'abord, à raison d'articles quotidiens et de livres consacrés à la crise chaque semaine, on ne peut plus dire qu'une énième dénonciation des coursiers et banquiers pousse-au-crime constitue une révélation en soi. C'est là que le Cleveland contre Wall Street apparaît d'abord limité : les témoignages des victimes, poignants certes et sans doute nécessaires, ressemblent à cent autres, et n'apportent pas grand chose de plus que ceux que recueille le moindre numéro de Courrier International ou Alternatives économiques. Dès qu'il s'écarte un peu des victimes, en revanche, le film devient assez passionnant, en abordant la crise sous un angle un peu oblique, de manière un peu détournée : l'inventeur du logiciel qui a facilité les opérations de titrisation, le conseiller municipal de Cleveland qui déplore cette absurdité de l'effort financier que représente pour la ville l'entretien des terrains abandonnés... Mention spéciale à Keith Taylor, dealer charismatique devenu courtier à succès, lequel évoque évidemment les personnages de The Wire. Et décrit de manière extrêmement fine et évocatrice le quotidien des opérations des courtiers (ce qu'on cherchera en vain, pour le coup, dans les revues généralistes). Jean-Stéphane Bron affirme qu'il ne connaissait rien à la finance et à l'économie. C'est une limite et aussi un atout, dans la mesure où cette absence de références ancrées lui permet des intuitions et rapprochements saisissants. Et si tous les témoignages n'ont pas la même force, celui du dealer courtier mériterait, un peu comme la Muriel Leferle de Depardon, un film entier.
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Avec ce passionnant Cleveland contre Wall Street, Jean-Stéphane Bron a le mérite de créer un genre nouveau. On est totalement dans le documentaire avec des protagonistes qui ne jouent pas un rôle, ne récitent pas un texte, mais disent leurs vérités. Mais le cinéaste réussit à reconstituer l’atmosphère d’un film de procès dans la grande tradition de Hollywood, en distillant un vrai suspense et en rendant impitoyables les joutes oratoires entre avocats de la défense et de l’accusation, aussi rusés que brillants.
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Cleveland, Ohio. 20 000 familles sont expulsées. La mairie attaque Wall Street. 21 banques s’opposent au procès. Le réalisateur a alors l’idée de filmer un vrai faux procès, réunissant les protagonistes des faits, offrant aux victimes la tribune à laquelle qu’on leur refuse. Juge, plaignants, avocats, témoins et jury tiennent audience. Les témoignages sont accablants : des clients, parmi les moins éduqués et aux plus bas revenus, tous en quête du modeste rêve américain de posséder sa maison, ont obtenu via des courtiers peu scrupuleux, des financements, puis des refinancements, voire des re-refinancements ! Les taux ? Prohibitifs ! Ces clients étant peu solvables, il fallait bien compenser le risque pris par la banque ! Si on n’a rien compris aux subprimes, cette leçon d’instruction civique expose très clairement la stratégie des financiers. « Tout allait si bien en Amérique » soupire l’un des témoins… Aujourd’hui, pour les banques, tout va bien, les expulsions, elles, se poursuivent.
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Sur la forme, cet ambitieux mélange des genres jamais manipulateur tient la route. Sur le fond, il offre l'intérêt de mettre des visages sur des statistiques. Mais son côté "crise expliquée aux Nuls" laissera ceux qui connaissent un tant soit peu le sujet sur leur faim. Car dans une actualité qui va aussi vite, le cinéma pâtit d'un retard toujours dommageable : les questions d'hier ne sont plus tout à fait celles d'aujourd'hui.
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Sans se substituer à la justice mais dans le but de faire entendre leur voix, le documentariste suisse, auteur d’un remarqué "Génie helvétique", a organisé et filmé jour après jour un vrai/faux procès de cinéma. Sans jamais tomber dans le piège de la démagogie populiste, usant habilement du suspense inhérent au genre du film de prétoire, il fait rimer avec intelligence manifeste politique et entreprise de salubrité publique.