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La délicatesse est le maître mot du cinéma de Jérôme Bonnell. Ce Chère Léa s’inscrit dans la droite lignée de J’attends quelqu’un et du Temps de l’aventure, avec toujours cette aisance à explorer les tourments amoureux, les moments où les cœurs s’emballent comme ceux où la passion n’est plus vécue de la même manière par les deux concernés. Chère Léa dure le temps d’une journée et son titre fait écho à ce qui constitue la colonne vertébrale du récit, cette lettre – au contenu mystérieux – que son héros Jonas (Gregory Montel) écrit à celle qui l’a quitté (Anaïs Demoustier), lasse qu’il repousse sans cesse le moment où il allait quitter sa femme pour elle. Chère Léa raconte l’impossibilité de dire au revoir et encore plus adieu quand on aime et que l’autre n’aime plus. L’incapacité à supporter que l’être aimée puisse en aimer un autre. Les emportements mal maîtrisés. Les déclarations qui ne servent plus à rien puisque la flamme est depuis longtemps éteinte. La majeure partie du film se déroule dans un café, celui en face de l’immeuble de Léa, où Jonas s’est installé pour écrire sa lettre, repoussant un à un les rendez- vous de sa journée, sous le regard intrigué et chaleureux du patron du lieu (Grégory Gadebois). On pense beaucoup à Un air de famille dans cette capacité à s’emparer d’un lieu comme d’un petit théâtre avec ses personnages hauts en couleur dont chacun vient nourrir le récit principal, par petites touches jamais envahissantes. Bonnell se montre ici tout aussi juste dans la comédie que dans l’émotion pure. La délicatesse faite cinéaste, on vous dit