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Au début, on a très peur. Filmé comme une succession de bagarres, d’ engueulades, de borborygmes, de jets de bave et d’ automutilations, le quotidien de Chelli, surveillante dans un lycée israélien, et de sa jeune sœur attardée mentale, présente tous les stigmates du "drame du handicap" dans ce qu’il a de plus excessif et stéréotypé. La suite, si elle n’échappe pas toujours aux mêmes pièges, est en revanche d’une tenue inespérée lorsqu’un homme débarque dans la vie de l’aînée, prélude à un "ménage à trois" dont la tension étonnamment sèche, entre vaudeville froid et terreur sourde, révèle un sens aigu de l’observation et du crescendo dramatique, particulièrement sensible dans l’évolution du personnage masculin. Jusqu’à un épilogue où l’on réalise qu’au fond, le film n’est pas forcément du côté de son héroïne. Bien vu.
Toutes les critiques de Chelli
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Il aura fallu à Asaf Korman un très grand talent pour mener sur le fil du réalisme, sans boursouflure ni ridicule, cette histoire si singulière. Il y aura été particulièrement aidé par ses deux actrices.
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Le réalisateur montre les situations les plus dures, les sentiments les plus ambigus, avec une force saisissante. Et les interprètes sont au diapason : dans le rôle de Chelli, Liron Ben-Shlush trouve le parfait équilibre entre une brusquerie instinctive, presque animale, et une tendresse lumineuse.
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Une sourde violence émane de ce portrait, somme toute émouvant, de l’ambivalence de l’amour familial et du sacrifice impliqué dans le dévouement de toute une vie.
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Si Chelli déborde d'affection envers Gabby, elle semble aussi, par instants, la maudire de gâcher son quotidien : c'est cette ambivalence, ces sentiments contraires, que pointe magnifiquement ce premier long surprenant, tour à tour tendre et inquiétant.
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"Chelli" est très loin d’une lecture hollywoodienne et pathos. (...) Mais ce que Korman filme, parfois maladroitement, c’est un autre environnement claustrophobe où, à force de trop aimer quelqu’un, de vouloir le protéger et le sceller dans une bulle, on l’étouffe.
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Toute la troublante ambiguïté de "Chelli", c’est de faire l’exact contraire : opposer une séparation libératrice à une intimité toxique, où le soin de l’autre est devenu pervers, haineux, intenable. Et à ce dilemme, le film ne laisse qu’un dénouement irrésolu. Difficile de faire autrement.
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La violence est latente et se manifeste par une prise de conscience formidable qui offre toute la légitimité à ce drame psychologique, particulièrement bien interprété.
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Le sujet n’est pas facile, le traitement a beau être délicat, et l’histoire en partie inspirée par la vie de l’actrice, on n’adhère pas vraiment à ce drame tout en retenue qui parle de la dépendance des personnes handicapées mais aussi de celle des soignants, jusqu’au sacrifice de leur vie.