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Avec une fraîcheur et une insolence incroyables, Iosseliani ose tout sans jamais perdre le spectateur. Un retour en arrière pour raconter l’enfance et les frasques de trois amis ; un raccourci saisissant pour dire comment leurs chemins ont divergé ; le tournage d’un film dans la rue et dans la maison familiale ; un voyage improbable en barque ; l’intervention onirique d’une mystérieuse femme-poisson... Parfois, le burlesque façon cinéma muet tombe aussi lourdement qu’un producteur dans l’escalier mais, le plus souvent, la liberté de ton et l’absence de jugement emportent tout sur leur passage.
Toutes les critiques de Chantrapas
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Otar Iosseliani retrouve avec bonheur la veine de ses premiers films géorgiens dans ce conte délicieux où la bouffonnerie en demi-teinte cède inopinément la place à l’émotion.
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Absorbé dans la mise en place de sa charge contre le petit monde du cinéma, Iosseliani a cependant perdu un peu de sa folie créatrice. C'est d'ailleurs dans la première partie consacrée aux enfants, celle où il ne se focalise pas sur son art, qu'il renoue avec son atypique légèreté.
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(...) on aurait tort de s'en tenir à cette dimension autobiographique, car le film offre bien plus que cela en démontrant une nouvelle fois la capacité du cinéaste à convertir ses propres préoccupations en idées de cinéma, à transformer le lourd en léger, le grave en douce mélancolie, le sérieux en sourire, le politique ou l'Histoire en fait anodin, les contingences de la vie en moments de pure poésie.
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Chantrapas se rattache à nouveau à une école burlesque singulière, celle de Jacques Tati ou de Pierre Etaix (il interprète l'un des producteurs français) mise au service de la description de ce qui aura été autant le moment-clé d'une biographie qu'un segment d'Histoire. Iosseliani y est toujours attentif à ce qui, dans la vie elle-même, peut prendre une dimension burlesque (les trafics divers sur les tournages en Géorgie, l'onctuosité des producteurs français). Plus mordant peut-être dans sa partie géorgienne que parisienne, Chantrapas confirme pourtant la dimension antiromantique de l'oeuvre du cinéaste.
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Comme tous les films d'Iosseliani, Chantrapas est une fable. Un peu plus sombre que d'habitude, peut-être, comme si l'euphorie de la vie, si chère au cinéaste, se dissolvait cette fois dans la mélancolie. Mais elle reste charmeuse. Et joliment mystérieuse : pourquoi, par exemple, Nicolas, fraîchement débarqué à Paris, traîne-t-il des pigeons dans une cage ? Et pourquoi des gamins s'en vont-ils voler des icônes dans une église géorgienne isolée ? Ce n'est qu'après, longtemps après, qu'on le devine, lorsque se glissent dans l'histoire, tels des voleurs, quelques révélations fantaisistes ou poétiques, qui provoquent le sourire (pour les pigeons) et l'émotion (pour les icônes). Iosseliani est un cinéaste qui montre d'abord. Et qui explique après, quand l'envie lui en prend... Ici, néanmoins, sous les silhouettes truculentes et grotesques qui parsèment cette histoire (l'adorable grand-père batailleur, le marmonnant producteur interprété par Pierre Etaix) perce, très vite, un drôle de constat tout triste sur le rôle de l'artiste, aujourd'hui. Ce n'est rien d'autre, désormais, qu'un « chantrapas » : mot issu du français qui, au pays d'Iosseliani, signifie un bon à rien, mais, surtout, un exilé de toujours...
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Si le film inspire une sympathie naturelle grâce au charme complice de certains instantanés de jeunesse (...) le manifeste enrobés dans la ronde des souvenirs déçoit.