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Sujet gonflé, délicatesse de touche, dialogues iconoclastes, Anne Le Ny fait montre, d'entrée de jeu, d'une certaine maîtrise. On craint alors qu'elle ne tienne pas la distance. On a tort. En guerre perpétuelle contre le pathos malgré la mort en maraude, attentive aux secondes rôles auxquels elle fut si souvent cantonnée, appliquée à utiliser au mieux l'espace fermé de l'hôpital, concentrée sur ses deux personnages (...), la cinéaste évite un à un tous les pièges dans lesquels elle aurait pu tomber.
Toutes les critiques de Ceux Qui Restent
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Au-delà d’une poignante histoire d’amour ratée, Ceux qui restent est aussi la chronique d’une culpabilité carnassière. Il évoque la mauvaise conscience, le sens du sacrifice contre lesquels Lorraine tente de se rebeller avec dureté, bien loin des clichés. La peur, aussi. D’être seul, de survivre, de ne pas survivre.
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Pour son passage à la réalisation, la comédienne Anne Le Ny s'impose avec talent. Concentrée sur ses personnages, elle signe une mise en scène fluide dans laquelle le pathos est banni. On sourit souvent, respirations nécessaires face au drame affleurant.
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Pudique, la caméra d'Anne Le Ny ne montre jamais ses malades. Fidèle à Ceux qui restent, elle enregistre la renaissance des sensations interdites, oubliées, explore avec intelligence et douceur les voies de l'inutile culpabilité. Etrangement optimiste, souvent drôle, toujours juste, Ceux qui restent est admirablement servi par deux grands comédiens, qui incarnent plus qu'ils n'interprètent et suscitent l'émotion sans la solliciter.
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Rythmée par les trajets, le bus, le RER, les ruses du non-dit, l'évolution de la complicité inavouée, puis encombrante pour Bertrand, enfin indispensable au point de pousser le personnage à venir à l'hôpital sans autre raison que de croiser Lorraine, entraîne une émotion, contenue. La composition de Vincent Lindon, ours à principes, n'y est pas pour rien.
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Alors que le cancer est un ressort dramatique souvent utilisé au cinéma pour donner de la tension à une histoire, Anne Le Ny tourne intelligemment le dos à ce marronnier scénaristique pour se concentrer sur ceux qui restent et qui doivent continuer à vivre, rire, voire à aimer, malgré la culpabilité... Sans porter de jugement, avec le tact et l'élégance d'un Truffaut, la réalisatrice laisse ses personnages vivre leurs émotions pour mieux nous les faire partager.
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Fluidité de la mise en scène, finesse du scénario et parti pris de ne jamais montrer les malades, elle évacue tout pathos pour aller droit à l'essentiel : une histoire d'amour naissante, drôle et grave à la fois.