-
Au départ, une excellente -bien que classique- idée de court-métrage : un employé de supermarché insomniaque trompe son ennui en suspendant le temps : il en profite pour déshabiller les belles filles et se rincer l’oeil. En 18 minutes, le film avait son petit effet dans les festivals, incitant son auteur à l’étendre en long-métrage. Las : tout ce qu’il a rajouté manque de souffle autant que de vision, et trahit une certaine beauferie insoupçonnable auparavant. Au moins, il s’est fait une carte de visite.
-
C’est une curiosité qui flirte allègrement avec l’exercice de style. Sur le thème « d’un seul être vous manque… » le réalisateur Sean Ellis transforme le court-métrage originel en un long dilué manquant singulièrement de consistance. Si l’on rêve avec le personnage principal de ce supermarché anglais fréquenté en pleine nuit par des cohortes de créatures de rêve on peine à rester éveiller tant l’aspect contemplatif l’emporte sur ce semblant de scénario. Esthétique mais pas assez, « scénaristiquement » léger sans doute trop.
Toutes les critiques de Cashback
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Fluctuat
En allongeant un court-métrage réussi, Sean Ellis ne trouve pas l'équilibre entre son point de départ, original et contemplatif, et des parties additionnelles, bien moins ambitieuses, qui louvoient dangereusement du côté des films de teen-ager neu-neu. Souffrant d'un problème d'unité qui perturbe le charme des séquences oniriques, son hommage à la beauté féminine s'affadit en un drôle de produit post-adolescent. Bizarre et dommage...
- Echangez vos impressions sur le forum CashbackInsomniaque depuis sa rupture, Ben, étudiant aux beaux-arts, se retrouve avec un tiers de vie supplémentaire à occuper. Il prend donc un petit boulot au supermarché du coin, découvre ainsi l'ennui au travail puis les stratégies de résistance contre cet insaisissable ennemi. La sienne consiste à arrêter le temps...«Ô temps, suspends ton vol»
Il navigue alors librement dans les rayons d'un magasin où les jeunes clientes sont bien plus jolies que dans votre Franprix. Rien de scabreux, pourtant, lorsqu'il dévoile un sein ou relève une jupe. Armé de son pen...cil (crayon), il apprécie et dessine ces jolies courbes tendues avec un oeil d'artiste plus que d'adolescent libidineux. Principale réussite de Sean Ellis, il filme, avec tact et poésie, une nudité qu'il aborde sans concupiscence malsaine.Etrange premier film cependant de la part de ce photographe, réalisateur reconnu de clips et de publicité, qui gonfle ici, avec un brin de maniérisme, un court-métrage, primé dans de nombreux festivals. Etrange, car double et bancal.Deux films en un
Captant de jolis moments suspendus, il s'attarde sur des formes harmonieuses qu'il caresse de son objectif avec sensualité et ...un vrai professionnalisme de photographe de mode. On circule avec plaisir dans ses instantanés figés comme dans une photographie dont on détiendrait la clef. Une élégante voix off, une bande-son judicieuse et le sentiment de détenir un secret finissent presque par nous porter, quelques trop courts instants, vers un univers à la Virgin Suicides, qui suinte la douce nostalgie du passage à l'âge adulte.Prendre le temps d'observer avec calme et application, savoir saisir la vraie beauté, qui peut être intérieure, ou arrêter le cours du temps pour comprendre la marche du monde, c'est presque un programme de méditation bouddhique. Or, au-delà de cette esthétisante mise en image d'un fantasme universel (figer le temps), le récit, ancré dans un monde étudiant, tendance teen-ager attardé, échoue sur les rives incertaines d'un humour douteux qui ne laisse guère de place à la réflexion.A l'indéniable grâce de moments contemplatifs, s'oppose une autre histoire, quasi-indépendante, constituée de blagues de potache débile, d'un étrange match de foot inter-supermarché, de personnages caricaturaux, ou de la frénésie sexuelle de cet âge ingrat. Plutôt drôles, à défaut d'être fines, ces scènes complémentaires s'avèrent à l'origine d'un préjudiciable défaut d'unité. La juxtaposition malheureuse de ces deux univers, à des années-lumière l'un de l'autre, tirent dans des directions si différentes qu'ils se gênent plus qu'ils ne s'enrichissent. Du coup, le film oscille dangereusement, sans vraiment trouver sa voie, jusqu'à un final qui privilégie clairement la facilité en ciblant un (trop) jeune public.Long-métrage gonflé de façon peu judicieuse, Cashback ne sort donc pas gagnant de sa mue au format supérieur. L'oeil, indéniable, du photographe se met finalement au service d'une pochade sans relief ni grand intérêt qui laisse de côté les promesses nées d'un court bien ficelé. Se positionnant comme un film de transition entre adolescence et âge adulte, il se présente, au final, comme deux petits films distincts et pas trop mal réussis, mais dont l'ensemble, raté, n'aurait jamais dû quitter son format d'origine.Cashback
De Sean Ellis
Avec Sean Biggerstaff, Emilia Fox, Shaun Evans
Royaume Uni, 2006 - 1h34[Illustrations : © Gaumont Columbia Tristar Films]
Sur Flu :
- Echangez vos impressions sur le forum Cashback
- Voir les fils sortie de la semaine, comédie, sur Ecrans, le blog cinéma.
- Cashback à Cannes sur Ecrans