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Casanegra, un titre qui claque comme une sentence. Le film met en scène deux jeunes chômeurs, des paumés d'une vingtaine d'années, qui vivent de petites combines et rêvent d'Europe, d'argent et de sexe. Mais il est surtout question de la face cachée du Maroc. Celle des quartiers délaissés, de leurs habitants et de cette jeunesse déchirée entre ses ambitions et une société qui peine à se moderniser. Perdus dans une ville qui les attire autant qu'elle les étouffe, les personnages de Lakhmari tentent d'exister et de s'en sortir coûte que coûte. Sans jamais tomber dans le misérabilisme, le cinéaste dresse un portrait très juste de la société marocaine actuelle. Si certains personnages secondaires auraient mérités un traitement moins caricatural, la qualité du jeu des acteurs, pour la plupart débutants, ainsi que le soin apporté à l'esthétique du film laissent ces quelques imperfections au second plan. Véritable révolution dans le microcosme du cinéma marocain lors de sa sortie en salles, on souhaite vivement qu’il soit l’annonce d’un renouveau attendu du cinéma maghrébin.
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Qu’il y soit dit beaucoup de choses souvent tues sur la réalité de cette ville – le chômage, le racket, l’exploitation des enfants... – ne change rien à l’impression d’assister à une suite de constats qui, faute de s’incarner, se transforment en clichés.
Toutes les critiques de Casanegra
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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S'il aborde les différences de classes, l'exploitation es plus défavorisés par les plus riches, Nour-Eddine Lakhmari n'insiste pas dessus. Il préfère se concentrer sur l'exploitation des pauvres par les pauvres, à travers, notamment le personnage d'une petit caïd qui préfère s'attaquer ou manipuler les plus faibles et les plus jeunes. (...) à l'instar de Marock de Laïla Marrakchi, CasaNegra témoigne de la vitalité d'un jeune cinéma marocain, moderne et ambitieux.
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(...) il [Nour-Eddine Lakhmari] capte les contradictions et retranscrit les composantes politiques et sociales mais aussi la pugnacité et l'énergie désespérée. Mais, à trop vouloir coller à celles-ci, la mise en scène finit par manquer d'un véritable point de vue et d'une personnalité affirmée.
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Visiblement, le réalisateur a voulu associer réalisme social et style hollywoodien : un pari ambitieux et, en dépit de quelques longueurs, plutôt séduisant. La photographie stylisée, les scènes d'action, filmées caméra à l'épaule, restituent la vitalité bouillonnante (et inquiétante) de « Casa ». Le film doit beaucoup au charme de ces deux personnages et à l'énergie de leurs interprètes. On regrette d'autant plus la caricature des seconds rôles...
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On ne sait pas ce qui nous gêne le plus, de la musique d'ascenseur qui nappe les deux tiers du film, des accélérations CNN hystériques, de la nullité des dialogues et de l'interprétation. Le film achève de se casser la gueule dans ses tentatives « bigger than life », sa peinture de personnages secondaires forcément hauts en couleurs : une sorte de parrain minable, avec son éternel survêtement vert et son bichon au bras, un habitant des beaux quartiers au jeu « grande folle » sans finesse (c'est un euphémisme), ou encore ces revendeurs gesticulants qu'on croirait sortis de Las Vegas parano. On voit bien ce que le cinéaste a en tête, on conçoit son désir de rehausser la platitude du constat par une truculence et un anti-naturalisme forcenés, qui se rêvent sans doute shakespeariens.
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Loin des clichés, entre réalisme et film noir, les mésaventures des deux garçons réussissent à rendre la complexité sociale bruissante de la métropole.
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Entre la chronique humoristique de la comédie italienne et la tension du film noir, le film ne sait toutefois pas choisir et affaiblit les forces vives de l'un et l'autre genre qui se résolvent ici, sous couvert de veine populaire, en facilités de mise en scène et en clichés.