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Grand retour de la célibataire londonienne et surtout de Renée Zellwegger à l’écran, Bridget Jones Baby réussit au moins sur un point : dépasser L’âge de raison, suite ratée produite dans la foulée de l’énorme succès du premier film. Bridget est de retour donc, Mark Darcy et le je t’aime moi non plus aussi, mais pas Daniel, dont le personnage de charmeur à tomber raide est remplacé par Jack, bel Américain providentiel incarné par Patrick Dempsey. Un nouveau venu absolument accessoire, que le scénario n’utilise jamais autrement que comme un trophée qui déclenche l’intrigue : Bridget ayant couché avec lui à quelques jours d’écart seulement d’une nuit avec Mark, il se pourrait qu’il soit le père du "baby". Pour le reste, Bridget Jones n’a pas changé (et Renée Zellwegger la retrouve d’ailleurs avec une apparente facilité) : elle est toujours travaillée par les mêmes angoisses physico-existentielles mais a simplement une autre façon de les gérer, comme en témoigne la scène d’ouverture en forme de clin d’œil au premier film. Toujours en quête du prince charmant donc, envers et contre toutes ses tentatives d’émancipation, elle continue d’agir à rebours des idées féministes – une position affirmée dans une des seules séquences à la mise en scène forte où on la voit marcher à contre courant d’une manif de femens. Une figure se charge cependant de contrebalancer ce discours un peu réac, celle de la gynécologue écrite et incarnée par Emma Thompson, auteur des meilleures punchlines de cette comédie que rarement drôle, qu’elle balance avec une précision imparable. Avec ses airs consternés et son manque total d’empathie envers les deux hommes qui se disputent le cœur de Bridget et la paternité de l’enfant, l’actrice britannique prend en charge la comédie ET le message du film. On lui confierait bien l’écriture du prochain volet.
Vanina Arrighi de Casanova