Première
Une montagne, un magnifique fondu, un visage. Au plan suivant : les arènes d’Arles. C’est avec le plaisant sentiment d’être déboussolé que l’on rentre dans Bergers pour suivre la reconversion professionnelle de Mathyas, ex-publicitaire à Montréal qui plaque tout pour devenir berger dans le sud de la France. Le film balaie rapidement les inquiétudes d’une idéalisation folklorique des métiers proches de la nature. Après deux expériences laborieuses, le Québécois trouvera enfin le travail qu’il cherchait, aux côtés d’Élise. Le film (signé Sophie Deraspe, dont on avait adoré Antigone) tire alors sa beauté de la manière dont il se fait déborder par sa propre matière : peaux humaines, grands espaces et marées de moutons remplissent le cadre avec la même aisance. Dommage que cette impression soit balayée par un final abrupt et amer, laissant inachevé le parcours d’une panoplie de personnages avec qui l’on aurait bien passé l’été en montagne !
Nicolas Moreno