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Pour son premier film, Rebecca Zlotowski propose un décryptage inhabituel du mystère des jeunes filles en fleurs en fuyant comme la peste toute psychologie ou introspection pour aller sur le terrain du sensoriel. Belle Épine revient aux fondamentaux, à savoir l’éternelle fureur de vivre de l’adolescence, entre adrénaline et coups de spleen. La réalisatrice cristallise la fuite en avant de Prudence (Léa Seydoux, très convaincante) et de ses copines (la découverte d’Agathe Schlencker, la confirmation d’Anaïs Demoustier) à travers un cinéma vibratile. Seule écharde dans cette Belle Épine : l’incapacité à faire exister les garçons en face des filles.
Toutes les critiques de Belle épine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Aussi rude qu'une chanson de Joy Division, visant la réconciliation des forces qui secrètement le déchirent, Belle Epine offre son plus beau rôle à Léa Seydoux. Son jeu en cristallise les paradoxes, contenant ses émotions, les tenant en laisse par sa beauté têtue, les brouillant parfois sous la pluie ou dans le vent. Ravalant les larmes d'une ivresse refusée, elle conquiert sa force, comme le film, à travers l'expérience de sa propre fragilité.
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Ce branchement d’un corps sur un autre circuit que celui de la routine quotidienne, c’est proprement le sujet de Belle épine et ce qui fait aussitôt dévier le film de son ancrage français vers un imaginaire américain.
Ces blousons noirs traversant la nuit sur une musique spectrale et électronique évoquent irrésistiblement l’œuvre de Carpenter. Ils font basculer Prudence et le spectateur de Passe ton bac d’abord de Pialat à New York 1997.
Et la référence américaine vaut surtout ici comme signe d’un désir, plus vaste, de cinéma. A dire vrai, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu un premier film cherchant à ce point, par-delà le “réalisme social”, à affirmer la puissance du fantasme et de la fiction.
D’un modèle de cinégénie comme Léa Seydoux jusqu’au merveilleusement théâtral Nicolas Maury (dans le rôle du cousin) en passant par la transfiguration baroque d’une scène de réparation de moto en tableau d’anatomie à la Rembrandt, tout respire le goût bienvenu du légendaire et de l’artifice.
Que désirer d’autre pour la suite si ce n’est que cette épine s’enfonce plus avant dans le cinéma français ? -
Même s'il reste imparfait, notamment dans sa dimension fantastique avec la fantôme de la mère, le film de Rebecca Zlotowski est assez original et émouvant pour que l'on ne fasse pas l'impasse sur cette première oeuvre réussie.
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Tendu à l'extrême et remarquablement interprété par Léa Seydoux, Belle Epine, c'est le moins qu'on puisse dire, donne très envie de découvrir les films à venir de Rebecca Zlotowski.
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Rebecca Zlotowski mêle le romanesque au cinéma de genre, marie la musique classique à l’électro, travaille sur des émotions blanches. Ce premier film qui tranche sur la production habituelle par sa maîtrise et son ambition offre aussi à Léa Seydoux, impeccable de bout en bout, le plus beau rôle de sa brève carrière.
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Belle épine est à la fois une chronique douloureuse sur le deuil après la mort de sa mère, une peinture sans chichis de l'adolescence à grand coup de bolide sur des circuits sauvages, où l'incrédulité et la connerie font bon ménage, et un film avec un vrai souci de l'image et de saisissantes compositions oniriques. Tout cela pour un premier film. Rebecca Zlotowski est donc définitivement un talent à surveiller, son Belle épine est une sacrée bonne surprise et Léa Seydoux n'a jamais été aussi émouvante.
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Il y a toujours une émotion particulière à signaler les belles premières fois. On en voit au moins deux dans Belle Epine, à la fois le premier long métrage de Rebecca Zlotowski (agrégée de lettres de 30 ans) et sinon la première, du moins la plus belle apparition de la jeune actrice Léa Seydoux sur un écran, qui porte, comme on dit, le film sur ses très belles épaules. (...) Filmé dans une image dense, contrastée, électrique, Belle Epine se construit sur des moments, des sensations, des ambiances qui sont autant de miracles de justesse, de force, de sensibilité, sur lesquels plane l'ombre tutélaire de Maurice Pialat. Cette grâce brutale se serait sans doute mieux portée sans le morceau de bravoure fantastique et explicatif qui clôt le film. Du moins existe-t-elle indéniablement.
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Bien que diplômée de la Femis section scénario, la réalisatrice donne un minimum de repères narratifs ou psychologiques : c'est un peu trop mystérieux, un peu trop allusif, un peu trop nocturne aussi. Mais elle filme avec fièvre les corps et les visages, l'enfermement et l'illusion de la liberté gagnée, et s'appuie sur une distribution de jeunes acteurs qui jouent en troupe, Léa Seydoux, donc, mais aussi Anaïs Demoustier, Agathe Schlencker, ou l'excellent Nicolas Maury. Certains y verront une caricature de jeune cinéma français, d'autres – on en est – attendront avec espoir que le talent se canalise et s'épanouisse.
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Evitant les clichés sur l’ado, et abordant ce thème avec beaucoup d’intelligence, de justesse et de sensibilité, ce film court (80 min) est dans le genre une vraie réussite.
Et la déjà très prometteuse Léa Seydoux absolument formidable. -
Ce qui intéresse la jeune cinéaste, c'est de coller au plus près de son héroïne et de lire en elle, au-delà de son opacité apparente, les émotions en jeu : tristesse, désir, audace - tout ce qui fait le prix d'un apprentissage. Léa Seydoux est de tous les plans, ou presque, avec la beauté boudeuse et l'intensité qu'on lui connaît, et, surtout, ces cernes charmants qui la rendent plus vulnérable encore. Que le film soit centré sur elle n'empêche pas les personnages satellites d'exister, portés par d'excellents jeunes acteurs : Anaïs Demoustier, toujours étonnante de naturel, côté filles ; Michaël Abiteboul - le Seth Rogen français - ou Nicolas Maury (déjà épatant dans Les Beaux Gosses), côté garçons.
La réalisation, maîtrisée, déjoue les pièges de la reconstitution. Il y a peu, ce premier essai très estampillé Femis (où étudia la réalisatrice) serait passé pour maniériste - par sa coquetterie à occulter le décor. Mais à l'heure où les jeunes cinéastes ne rêvent que de comédie ou de polar, Belle Epine s'affirme comme un bel exercice de mise en scène, révélant, à n'en pas douter, une auteur à suivre...