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Le nom de Adilkhan Yerzhanov ne doit pas vous dire grand-chose et c’est normal. Sérieusement, qui s’intéresse au cinéma kazakh ? Pourtant depuis quelques années, ses films (La Tendre indifférence du monde, A Dark Dark Man…) triomphent dans tous les festivals où ils passent. Reims Polar, Venise… Assaut raconte un pays gangrené par la corruption et les abus de pouvoir, miné par la pauvreté et peuplé de types débonnaires incapables, voire dangereux…. Pourtant, pour parler de tout cela, Yerzhanov préfère ici la satire au réquisitoire. Assaut avance donc sur un mode absurde et décrit avec un humour de non-sens la prise d'otages d'une école par des hommes masqués. Comme les routes sont bloquées et que la police ne peut pas intervenir, les adultes du coin vont s'organiser pour venir au secours des élèves prisonniers. Cela se fait au prix d’une effusion de sang et d’événements surréalistes, ce monde de brutes recelant une bonne dose de ridicule et de romantisme désespéré. Stylé, triste, déroutant et dépaysant, le film avance en équilibre. Entre le western (on pense à Hawks et Carpenter), le slapstick (des effluves de Tati) et le film noir (le cinéaste a clairement étudié les films déjantés des Coen). Mais derrière ce funambulisme il y a surtout le sens puissant du cadre, une maniaquerie jubilatoire (un tuyau d’abord source de gag devient une arme fatale) ainsi que l’approche surréaliste du genre. Promis : après avoir vu Assaut, vous n’oublierez plus le nom de Yerzhanov.