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D’abord des signes distinctifs qui ne trompent pas, les frères Guit (fils de Graham réalisateur plutôt 90’s) se prénomment Harpo et Lenny. L’un en hommage aux mythiques Marx Brothers et l’autre au soleil noir du stand-up américain, Lenny Bruce immortalisé par Dustin Hoffman dans le chef-d’œuvre de Bob Fosse. Du moins l’imagine-t-on. Avec un tel package en bandoulière la responsabilité est énorme. Aimer perdre nous dit leur deuxième long-métrage après Fils de Plouc, comme une façon de prendre leur responsabilité, d’aller vers le chaos plutôt que vers le propre. Si la vie est par nature dissonante et bordélique, le cinéma a tendance à vouloir tout arranger (« Pas d’embouteillages dans les films… » disaient Truffaut) Et voilà que débarque Armande Pigeon (la géniale Maria Cavalier Bazan) et sa capacité à s’enfoncer toujours un peu plus dans une loose jouant sa vie sur des coups de dé. La loose a ceci de poétique à regarder qu’elle se contrefout des normes et qu’elle ne s’envisage pas forcément comme telle. Armande perd ce qu’elle gagne, se prend des portes et des vents, mais rencontre un tas de gens dont Catherine Ringer et Melvil Poupaud (jadis muse de papa Guit) Tout se configure à l’aune des tempêtes d’un scénario qui semble lui-aussi se jouer constamment à pile ou face. Aimer bricoler plutôt que figer les choses, les prémisses de l’amour – il n’est finalement question que de ça ici – restant un jeu d’équilibriste. Voilà donc une matière organique et romantique qui tient magnifiquement sur la longueur. Vive Harpo et Lenny !