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Fresque postmoderniste gonflée, Agora convoque des références écrasantes (Kubrick, Anthony Mann, Ben-Hur), propose une réflexion substantielle sur la liberté de pensée et emballe le tout dans une histoire pleine de bruit, de discours et de fureur. Plus dense et plus puissant que n’importe quel drame en costume vu récemment, le film s’interroge sur l’opposition entre raison et sentiments, savoir et intolérance, religion et pyrrhonisme. Certes, le drame intime n’est pas toujours à la hauteur du moment historique. L’essentiel reste qu’à travers cette page d’histoire, le film, lyrique, viscéral, ne parle finalement que du monde contemporain en racontant comment une civilisation stable et raffinée se meurt, rongée par le fanatisme.
Toutes les critiques de Agora
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Dans ce film, tout marche parce que tout est romanesque, lié à une femme, chaque personnage se définissant par rapport à ce qu'elle incarne : la pensée.
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Voilà une oeuvre qui nous réconcilie avec les films à grand spectacle. (...) Ce long-métrage, dit à grand spectacle because budget, n'est en fait qu'un grand film humaniste et une ode à la liberté. (...) Agora est une merveille du monde dans l'absolu.
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S’insurgeant contre la perte du patrimoine intellectuel et culturel lors de la destruction révoltante de la grande Bibliothèque, filmée de manière longue, appuyée et spectaculaire, Amenabar remet en question la propagation des cultes et de l’irrationnel, nous rappelant à notre douloureuse actualité où la propagande contre les impies reste toujours aussi brûlante. Il rend de ce fait un magnifique hommage à la Femme, de tout temps bafouée et voilée, qui, privée d’enseignement et contrainte au retranchement cérébral, n’a pas pu apporter sa pierre à l’édifice de la construction du monde, lors d’un Moyen Age chaotique et sanguinaire, où seules les religions avaient le droit de parole. Bref, un beau film dans la forme, passionnant dans ses réflexions et ses idées, qui mérite bien plus d’égards que le triste accueil que les déçus du cinéma commercial lui ont accordé à Cannes.
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Un péplum oui, mais MO-DER-NE. L'espagnol court après cette idée, et peine à l'atteindre. (...) Pas facile !
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Découpé selon un plan aussi rigoureux qu'un cours magistral, trop didactique (un personnage = un courant de pensée), Agora est un film froid et peu habité qui bénéficie néanmoins d'une certaine efficacité dramatique, essentiellement nourrie par la figure d'Hypatie.
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Reçu froidement à Cannes, en mai dernier, Agora a subi une cure d'amaigrissement d'une vingtaine de minutes avant sa sortie en salle afin de «le rendre plus fluide». Cette fresque métaphysique filmée comme un reportage souffre quand même de quelques lourdeurs, mais elle vibre d'une passion communicative pour son sujet. Les émotions puissantes distillées par son film prouvent qu'il a fait mouche.
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Lumineuse, délicate mais déterminée, Hypatie se dresse au centre du gâchis, comme une déesse païenne de la Tolérance et de la Sagesse. Que serait-elle sans la grâce de Rachel Weisz, son beau regard brillant ? La comédienne anglaise porte le film, de bout en bout. Dommage que ses co-interprètes ne soient pas vraiment à la hauteur, du fade Oscar Isaac (Oreste, élève d'Hypatie, puis préfet de la ville) au poupin Max Minghella (l'esclave Davus, « endoctriné » par les chrétiens). On se dit que Rachel-Hypatie est bien seule dans un monde qui ne la mérite pas. Mais, après tout, c'est le sujet du film.
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En conjuguant grand spectacle et réflexion humaniste, il [Amenabar] livre un film hors normes, intelligent et visuellement impressionnant, pour une dénonciation intemporelle du fanatisme religieux.
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Esthétiquement, historiquement, ce film espagnol, tourné en anglais et situé en Egypte, est du niveau d’un épisode de la série Rome. Mais il n’en va pas de même pour son idéologie. Si dans son infâme Passion du Christ Mel Gibson chargeait les Juifs de tous les maux, ici Amenábar stigmatise avec la même hargne les chrétiens, présentés comme des intégristes brutaux, hostiles à la science, au paganisme et au judaïsme (il les rend explicitement responsables de l’errance du peuple juif). Un plaidoyer tyrannique pour la tolérance.
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Agora est un péplum intellectuel. Cette aspiration donne au film un rythme étrange, qui tente de concilier le débat et les combats, le dialogue et le spectacle. Le résultat est gauche souvent, mais presque toujours intéressant. On croirait avoir découvert un livre dans une brocante, sans arriver à deviner s'il s'agit d'un manifeste philosophique, d'une version à rebours de Quo Vadis ou d'un canular. L'artifice inhérent au péplum est omniprésent, et le réalisateur l'assume crânement. Il recourt sans vergogne aux effets numériques, faisant déclamer ses dialogues dans un anglais accentué qui ne choque pas tant que ça dans les rues d'une métropole cosmopolite.