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Neil Jordan derrière la caméra, Jodie Foster, devant: à priori, A vif suscitait des espoirs notables. Hélàs, cette descente aux enfers d'une femme devenue à moitié givrée suite à l'assassinat de son amant chéri ressemble à un douteux plaidoyer légitimant la vengeance sanguinaire. Un final absurde gâche définitivement l'affaire.
Toutes les critiques de A Vif
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Télé 7 jourspar Philippe Ross
Atout choc de ce thriller complaisant : Jodie Foster qui, spécialisée depuis quelques temps dans les rôles musclés, s'avère moins monolithique que Charles Bronson, abonné à ce type de rôle dès les années 70.
- Paris Matchpar Christine Haas
A partir d'un scénario anémié qui exploite le filon du Justicier dans la ville et recycle la poésie d' Emily Dickinson, Neil Jordan, cinéaste de la subversion, fait le grand écart entre film d'auteur et produit comercial. Jodie Foster offre son corps androgyne à un personnage vulnérable qui se métamorphose en ange de la mort. l'intimité qui se noue avec Terrence Howard, son âme soeur, également aliéné, offre les meilleures scènes d'une histoire au dénouement moralement indéfendable.
- Ellepar Anne Diatkine
A voir uniquement si on est archi fan de Jodie Foster, ou à la rigueur d'armes à feu, et encore mieux de l'alliance des deux. On passe une partie de la projection à compter le nombre d'hommes qu'Erica Bain tue. Ce qui malheureusmeent ne nous endort pas, car le réalisateur veille: son film est aussi bruyant que les gyrophares de la police, la nuit, à New-York.
- Le Mondepar Thomas Sotinel
Pour revenir au modèle invoqué, Martin Scorsese ne remet jamais en question l'humanité de ses personnages, aussi répugnants soient-ils. Et quand, dans Taxi Driver, Travis Bickle abat Sport, le maquereau de Jodie Foster, c'est une vie qu'il prend, et pas une cible de foire (ou aujourd'hui de jeu vidéo) qu'il dégomme. La mise en scène de Neil Jordan (metteur en scène de Mona Lisa, The Crying Game ou du remake de L'Homme de la Riviera) esquive toutes ces questions tout en faisant semblant de s'y intéresser. C'est moins la brutalité idiote du scénario (le film a été produit par Joel Silver, responsable de la série des Arme fatale) qui exaspère que l'hypocrisie pseudo-intellectuelle dont elle a été entourée.
- Fluctuat
Pas de doute, Charles Bronson a trouvé une digne héritière en Jodie Foster. A vif, ou plutôt Une justicière dans la ville, réhabilite le film d'autodéfense en montant d'un cran dans l'horreur. On y croyait plus mais pourtant si, un film pareil c'est encore possible. Et le pire, c'est que ça marche plutôt pas mal au box-office US.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaBon, c'est simple, vous connaissez Un Justicier dans la ville ? Le film de Michael Winner où Charles Bronson se venge de ceux qui ont massacré sa famille et qui au passage en profite pour éliminer la racaille des rues new-yorkaise. Ce chef d'oeuvre du film d'autodéfense qui a lancé un genre qui revient à chaque décennie. On a eu Chuck Norris, plus tard l'immondice de joel Schumacher, Chute libre avec Michael Douglas, maintenant on a Jodie Foster, aussi improbable que cela puisse paraître. Parce qu'inutile de chercher plus loin, A vif (The Brave One en VO, encore mieux) c'est ni plus ni moins qu'Une justicière dans la ville. Pas la peine de repasser par Taxi Driver ou MS.45, le abel ferrara où Zoé Lund, en nonne, se vengeait de ses violeurs. A vif fonce droit, c'est direct, clair et sans ambigüité du pur film d'autodéfense, avec toute la déliquescence morale que ça trimballe, toutes les justifications douteuses, cette manière de faire de la rhétorique de prisunic sur le bien et le mal, la justice et la violence du quotidien. Pour être honnête, A vif est même pire qu'Un justicier dans la ville. Pire parce qu'en 2007, un film pareil est aussi irresponsable qu'hallucinant. On se demande comment il peut exister.Et il faut le voir pour le croire. Car lorsque Winner tournait son film en 1974, il répondait à une actualité, son personnage aspirait la violence de la ville, il devenait son propre chaos, son désir d'ordre moral et de justice archaïque face à la dégénérescence urbaine (ce qui ne justifie rien). Mais en 2007, quand Neil Jordan arrive aux commandes de A vif, à quoi peut-il répondre ? On dira qu'il tente de le formuler, mais avant d'en arriver là, resituons les choses. Qu'est-ce que ça raconte ? C'est simple, Erica (Jodie Foster) est animatrice radio. Un soir, elle se fait agresser avec son futur mari dans Central Park par trois lascars (latinos évidemment, qui d'autres ?). Elle s'en sort mais lui non. Là, gros traumatisme (normal), Erica devient paranoïaque et s'achète un gun. Pas légalement (pour ça à New York il faut avoir un port d'arme), mais sous le manteau, car comme par hasard à la sortie de l'armurier un chinois (ils sont partout) l'attendait sagement. La belle aubaine, c'est beau Chinatown. Commence alors sa longue descente aux enfers de nouvelle justicière, qu'elle mène tout en faisant ami-ami avec l'inspecteur en charge de l'enquête (le chasseur et la proie, la justice individuelle et l'ordre civil, vous voyez l'ambiguïté).Bien entendu sur sa route notre nouveau bras armé de la justice ne croise que le cliché de la racaille, des blacks habillés hip-hop, un mac qui séquestre et drogue une pauvre fille, un mari violent (la scène vaut le détour). Mais mieux, lorsque Erica apprend que le type que l'inspecteur cherche à faire tomber depuis des années est un mafieux pourri, elle s'en va vite le balancer du haut d'un immeuble. Plutôt sympa quoi, presque altruiste. Bien sûr, pour mettre dans l'ambiance, Neil Jordan ne lésine pas sur les détails. L'éternel tunnel comme lieu du crime, quelques effets bien grossiers pour illustrer la paranoïa qui enfle, un abominable montage entre une scène d'amour entre les deux amants et chez le légiste, et cerise sur le gâteau, le meurtre filmé au caméscope par les tueurs. Ça, c'est pour la touche de modernité, histoire de montrer comment la violence existe aujourd'hui avec l'image. C'est pas tout. A mi parcours, le film tente donc de justifier son discours en évoquant des choses aussi variées que l'Irak, l'impuissance de la police, la voix du peuple partagée, les racines de l'Amérique, les mensonges sur la criminalité à New York et évidemment une certaine contamination laissant cette chère Jodie Foster dans un sérieux doute existentiel et moral. On avoue avoir douté pendant cinq minutes, se disant que finalement il s'agissait peut-être d'un film plus sombre et complexe qu'il n'y paraît, mais rapidement tout est rentré dans l'ordre. Le final est tellement incroyable dans sa volonté de justifier les actes, qu'on a presque du mal à la croire. Si on devait dire une seule chose pour sa défense, ce serait que A vif est certainement le film le moins politiquement correct de l'année. Mais c'est tout, le reste est horrible.A vif
De Neil Jordan
Avec Jodie Foster, Terence Howard, Naveen Andrews
Sortie en salles le 26 septembre 2007Illus. © Warner Bros. France
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- Lire le fil nanar sur le blog cinémaLe JDDpar Stéphanie BelpêcheIl y avait une vraie bonne idée, pas du tout exploitée: l'héroïne, traumatisée, voit désormais chaque coin de rue de New-York comme une menace. Mais cette apologie d'une justice expéditive, des exécutions sommaires sous prétexte que la fin justifie les moyens, reste intolérable.
Téléramapar Louis GuichardUn plaidoyer décomplexé pour l’autodéfense et la justice privée, où Jodie se venge sur la racaille new-yorkaise de l’agression dont elle a été victime avec son amoureux, mort sous les coups. Un film réalisé par Neil Jordan (The Crying Game), à qui le sujet ne va vraiment pas du tout, mais produit et conçu en partie par la star.