Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, célèbre pour ses westerns et ses films tels que La Horde Sauvage, Chiens de Paille ou encore Osterman Week-End.
Petit-fils d'un chef indien, élevé parmi les derniers témoins de la Frontière, il trouve tout naturellement sa voie dans le western. Après avoir été l'assistant de Donald Siegel, il crée les séries Rifleman (1958) et The Westerner (1960) à la télévision, puis débute au cinéma avec New Mexico (1961), surprenante contre-épopée où l'absurde le dispute à l'insolite. Dès ses premiers essais, il ébauche son thème de prédilection, celui des « perdants » : « Ils ont pris depuis longtemps des accommodements avec la mort et la défaite, ils n'ont plus rien à perdre, il ne leur reste plus une illusion. Aussi représentent-ils l'aventure désintéressée. »
Des westerns célèbres
En contant la dernière chevauchée de deux shérifs anachroniques, Coups de feu dans la Sierra (1962) sonne le glas de la mythologie humaniste. Le cinéaste y cerne ce qui sera désormais son univers : la prairie cadastrée, la frontière close, les pistes finissant en cul-de-sac, le règne lugubre de la loi et de l'ordre, l'avènement de l'ère industrielle. Par son individualisme cabochard, son don-quichottisme, son goût des causes perdues, ses affinités avec un John Huston, Peckinpah appartient à la génération qui l'a précédé. Conscient d'être né trop tard (« Si seulement le monde pouvait être comme on nous l'avait dépeint quand nous étions enfants ! »), il s'est trouvé assurer la transition entre l'idéalisme romanesque des années 50 et le nouveau réalisme des années 70. Faute de pouvoir ressusciter le héros romantique d'antan, il lui revenait d'en prononcer l'oraison funèbre. Ainsi célèbre-t-il l'interminable agonie de l'homme de l'Ouest dans Major Dundee (1965), la Horde sauvage (1969), Un nommé Cable Hogue (1970) et Pat Garrett et Billy le Kid (1973). Autant de lamentos dont la mise en scène, baroque, convulsive, consacre elle aussi l'irréversible déclin du classicisme.
Le drame sinon rien
S'il décape la légende, s'il contribue à redonner au genre une conscience historique, il n'en crée pas moins une nouvelle mythologie qui substitue aux rituels de l'apprentissage la logique meurtrière de l'apocalypse. Son ressort principal est le pathétique : pathétique de la dégradation physique (ses perdants sont tous peu ou prou infirmes), de la mission accomplie à contre-coeur (aux prises avec des factions multiples, ils ne connaissent que combats douteux), de l'entropie et de l'autodestruction (ils courent à leur perte en reniant leur passé ou leurs anciens compagnons), de la prise de conscience tardive ou inutile (ils sont d'avance condamnés par les progrès de la technologie : automobiles, side-cars, mitrailleuses, bulldozers...). Après les Chiens de paille (1971), qui analysent in vitro les effets de l'« impératif territorial » cher à Robert Ardrey, Peckinpah se tourne vers des sujets contemporains : Junior Bonner Le Dernier Bagarreur (1972) décrit en demi-teintes les défaites d'un champion de rodéo sur le déclin, le Guet-apens bafoue allégrement la morale traditionnelle du film « noir ».
Une filmo de violence
Épuisé par ses luttes contre le système, il poursuit de plus en plus difficilement une carrière vouée à une surenchère dans la violence. Sa thématique s'exaspère dans la dérision et le nihilisme, comme en témoignent Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (1974) et Tireur d'élite (1975), deux thrillers « paranoïaques » où il règle ses comptes avec une Amérique de plus en plus exécrée. Il invoque le Brecht d'Arturo Ui dans Croix de fer (1977), qui transpose les barouds suicidaires de ses « hordes sauvages » sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale.Après le Convoi (1978), où il se parodiait lui-même avec plus d'amertume que d'alacrité, il se retranche dans un silence de quatre années avant de revenir dans les studios tourner un film d'espionnage, son dernier titre, The Osterman Week-end (1983).