Enfourchez vos balais ! Direction Oz dans la bande-annonce du film avec Cynthia Erivo, Ariana Grande, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum et Jonathan Bailey.
Après avoir collaboré avec Lin-Manuel Miranda sur D’où l’on vient (In the heights en VO), Jon Chu, à qui l’on doit également Crazy Rich Asians, Insaisissables 2 ou encore G.I. Joe : Conspiration, s’est attaqué à une autre comédie musicale. Voici Wicked, adapté d'un spectacle créé en 2003, lui-même tiré d'un roman de Gregory Maguire.
Si un premier teaser introduisait Cynthia Erivo et Ariana Grande, dans leurs rôles respectifs d'Elphaba (la méchante sorcière de l’Ouest) et de Glinda, une nouvelle bande-annonce permet de mesurer l’ampleur de cette nouvelle production Universal. Rythmées par les notes de “Popular” et de “Defying Gravity”, les deux plus gros tubes de la comédie musicale composée par Stephen Schwartz, ces nouvelles images nous plongent dans l’univers merveilleux d’Oz vu par Jon Chu. Le réalisateur a pris le temps de nous raconter les coulisses d’un des films les plus attendus de l’année.
Premier teaser de la comédie musicale Wicked avec Cynthia Erivo et Ariana GrandeLe trailer de Wicked est bientôt là. Pas trop de stress ?
Si ! C'était notre secret depuis depuis plusieurs années. On a travaillé dur pour mettre au point ce projet, maintenant je suis impatient que les gens puissent le découvrir.
Comparé aux Etats-Unis, la France a moins la culture de la comédie musicale. Comment définiriez-vous Wicked ?
Tout part du Magicien d'Oz. Wicked raconte l'histoire d'Ephalba, la méchante sorcière de l'Ouest. C'est son "origin story", comment elle est devenue qui elle est. Le coup de théâtre, c'est qu’on va découvrir que Glinda, la gentille sorcière, et Ephalba étaient en fait amies. Le film offre un nouveau point de vue, fait découvrir comment cette amitié a évolué au fil du temps, et comment elle affecte tout ce que nous pensions savoir sur cette histoire.
Wicked est un vieux serpent de mer hollywoodien. Le film était en projet depuis près de vingt ans…
J'ai eu beaucoup de chance. J'ai vu le spectacle à San Francisco alors qu'il était en rodage, avant qu'il n'arrive à Broadway. J'étais en première année de fac et, à l’époque, je m'étais dit que ça pourrait faire un film extraordinaire. Je sais que de nombreux réalisateurs ont travaillé sur cette adaptation. Dès que j’ai fait mon premier film studio, j'ai repensé à cette idée. Mais c' était trop fat pour moi. Jusqu’au moment où, il y a quelques années, après Crazy Rich Asians et In the Heights, on a tenté le coup. C'était pendant le COVID et je me suis demandé quel était le projet de mes rêves. Wicked ! Quand c'est devenu clair, j'ai eu l'impression que le ciel s'ouvrait et que c'était LE moment. Certains – y compris ma mère – vous diraient que c'est le destin.
Quels ont été les difficultés de cette adaptation ?
Passer de la scène au cinéma est extrêmement compliqué. Sur scène il y a un ton spécifique à respecter. On doit par exemple jouer avec le public, contrairement à un film. Il a donc d'abord fallu résoudre tous ces problèmes d'adaptation, et combler quelques trous dans l'histoire. Et puis il fallait trouver les deux rôles principaux. C'est quand on a engagé Ariana [Grande] et Cynthia [Erivo] que le film est vraiment devenu concret. Leur alchimie est réelle, elles ne se connaissaient pas et maintenant, elles sont totalement fusionnelles.
Justement, comment s’est déroulé le casting ?
Au début, je ne voulais pas prendre d’artistes connues. On a commencé à faire des auditions et, bien sûr, tout le monde voulait l'un des deux rôles principaux. Mais je persistais à penser qu’on devait trouver des inconnues. Et puis on s’est rendu compte que ces rôles étaient très difficiles. Il fallait une réelle maîtrise vocale. Et les deux actrices devaient développer une véritable alchimie. Bref : on a vite compris qu'on allait avoir besoin de vraies pros. Pour les auditions, j’ai gardé Cynthia pour la fin parce que je savais qu'elle serait formidable, mais je n'étais pas sûr de ce qu'elle proposerait pour Elphaba. Elle est arrivée, a chanté et nous a transpercé le cœur. Sa voix est un don de Dieu, elle vous touche immédiatement, profondément.
Et pour Ariana Grande ?
Elle voulait le rôle à tel point que j'ai failli ne pas la choisir. Mais à chaque étape de l'audition, elle était la personne la plus intéressante de la pièce. C'est une découverte, d’une certaine façon, parce que je ne pense pas que les gens l'aient déjà vue dans ce genre de performance. Elle s’est complètement plongée dans le rôle. J'avais besoin du facteur ”ozien”, j'avais besoin d'une actrice qui soit d’un autre monde. Et Ariana vient d'un autre monde !
En parlant d'un autre monde, en visionnant la bande-annonce, on a l'impression que vous avez réussi à créer un monde fantastique à l'échelle du Seigneur de l'anneau ou de Harry Potter.
Le Magicien d'Oz occupe une place très importante dans mon univers personnel comme dans notre culture. Beaucoup de gens se sont emparés d'Oz au fil des ans… Et il fallait respecter ça. En même temps, j'avais l'impression qu'il fallait créer un monde nouveau, faire ressentir les sentiments qu'on éprouve en s'y rendant. Par définition, dans le livre, tout est à plat, on se projette dans des mots et des idées. Dans le film original, c'est du matte-painting. On voulait utiliser des techniques plus modernes et rendre ce voyage immersif. Le chef décorateur Nathan Crowley, qui a travaillé sur Wonka et Tenet, a été extraordinaire : il a créé cet univers à partir de rien. Avec lui, Paul Tazewell qui était en charge des costumes, et toute l'équipe de coiffeurs et de maquilleurs, on a imaginé un monde associé à l'enfance. Mais ce monde est en train de muter, de grandir, et sa vraie nature commence à se dévoiler. A se briser.
Comment avez-vous mis cela en œuvre ?
On a construit de nombreux décors en dur. On a designé un train géant, planté neuf millions de tulipes, dont nous avons choisi la couleur. Sur les tulipes, un détail amusant : nous n'avons eu que deux semaines pour tourner la scène une fois que nous avons su qu'elles fleurissaient. L’école, l’eau, les bateaux qui arrivent… tout cela est réel. On pouvait entrer dans le décor de Shiz [l’école d’Ephalba et Glinda, ndlr], traverser la ville d'Emerald, entrer dans un salon et prendre une bouteille sur laquelle il y avait une étiquette ozienne. Nous avons construit une tête de sorcier géante qui pouvait bouger et parler. Tout cela est réel. Après, évidemment, ILM est arrivé pour nous aider sur les effets spéciaux. Ils ont notamment imaginé les singes volants. Je voulais que Oz soit un monde physique, tactile, qui aille au-delà de notre imagination.
Sexy Dance 2 et 3, Jem et les Hologrammes, In the Heights… Que ce soit à travers le chant ou la danse, vos films sont toujours portés par la musique. Qu'est-ce que vous y puisez ?
(Rires) Je ne sais pas. Pour être honnête, ce n'est pas vraiment conscient. J'ai grandi entouré de musiciens et de danseurs. J'ai pris des cours de claquettes, de piano, de batterie, de saxophone et de violon, mais j'étais nul dans tous ces domaines. J'ai une pointe de jalousie face à ces gens si talentueux. Ils expriment des choses que j'aimerais bien pouvoir exprimer. Alors, je joue avec eux. Et je pense que cette collaboration fonctionne bien parce que moi, ce que je connais, c'est la caméra ; ce que je sais faire, c'est assembler des images. C'est un langage international que tout le monde peut comprendre. Et puis, c’est amusant : une fois qu'on a fait une comédie musicale, il n'y a pas de retour en arrière possible, c'est trop cool à faire.
Wicked sortira au cinéma le 27 novembre prochain. Voici la bande-annonce du film :
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