Presque quarante ans plus tard, comment se réapproprier les meilleurs leitmotivs des S.O.S. Fantômes et les faire sonner juste et neuf. Première examine L’Héritage de la famille Reitman.
Cet article est extrait du numéro 524 de Première. Pour y retrouver notre dossier Matrix Resurrections et notre entretien avec Jason Reitman, le réalisateur de S.O.S Fantômes : L'héritage, rendez-vous en kiosque ou sur notre boutique en ligne.
Commandez le numéro 524 de PremièreLe coeur battant du projet
1984 : Les branchés préfèrent Bill Murray, les nerds adorent Harold Ramis, mais un simple tour sur Wikipedia leur apprendra qu’il n’y aurait pas eu de S.O.S. Fantômes sans Dan Aykroyd, non seulement coscénariste ET interprète, mais surtout concepteur en chef de l’intrigue, des personnages, du look, de la geekerie ambiante, bref, de tout ce que le premier film possède de marrant et de singulier. Profitons aussi de cette tribune pour replacer ce bon vieux Ray Stanz tout en haut du podium des chasseurs de fantômes : personne d’autre au monde ne s’allume aussi bien des clopes avec un proton pack sur le dos et du slime plein la tronche.
2021 : OK, S.O.S. Fantômes : L’Héritage appartient à 100 % au fiston d’Ivan Reitman. N’empêche, la nouvelle franchise mise ici sur des rails sera immanquablement tenue par elle, et elle seule, Mckenna Grace, 15 ans, trouvaille stupéfiante comme on en avait plus vu depuis la Jennifer Lawrence de Winter’s Bone. D’abord lookée en matheuse appliquée, suivant la voie de son défunt papy Egon Spengler, elle devient petit à petit une action hero miniature, capturant de l’ectoplasme, débitant de la punchline et volant toutes les scènes d’un film pourtant peuplé de cabotins en tous genres.
La Bagnole joujou
1984 : Parmi la foule de bidules iconiques inventés par le premier volet (Le proton pack, Bouffe-tout, les costumes, le logo de la société, "Who you gonna call ?"...), la vieille ambulance Cadillac "pimpée" de fond en comble est probablement celui qui a le plus sidéré les gamins de 1984. Face aux chiffres de ventes de sa version LEGO, qui viennent titiller ceux des X-Wings de Star Wars, on constate que les gamins de 2021 semblent aussi beaucoup l’apprécier.
2021 : Idéale pour se trimbaler avec du gros matos dans les rues de New York tout en faisant hurler le gyrophare, l’Ecto-1 reprend du service à la cambrousse au milieu des champs de blé et de la Main Street déserte du village. Absurde? Non, un symbole du sentiment de liberté éprouvé soudainement par des héros qui n’ont pas du tout l’âge d’avoir le permis. La bagnole comme allégorie de la jeunesse et de la fuite en avant : L’Héritage revendique fièrement ici sa fibre americana. Et tant pis pour New York.
Le méchant tout doux
1984 : "J’ai essayé de penser au truc le plus inoffensif possible..." Il n’a pas plus de trois minutes à l’écran, et pourtant notre esprit le convoque aussitôt qu’on pense au premier S.O.S. Fantômes. Assurément la plus grande idée visuelle du film, le Bibendum Chamallow (kaiju de 35 mètres au sourire béat) est aussi le meilleur VRP du projet Ghostbusters, pantalonnade horrifique toujours à deux doigts de l’auto-parodie.
2021 : En visite au supermarché alors que le mal se déverse sur Terre, Paul Rudd hallucine devant une horde de tout petits Bibendum Chamallow qui s’agitent façon Minions. En préférant la miniaturisation plutôt que le gigantisme que tout le monde attendait, le fiston Reitman métaphorise sa position face à la figure gargantuesque de son père. Comme il le dit dans notre interview : "Ce film n’est pas une séance chez le psy ." Il y aurait pourtant de quoi faire.
L’Eternel faire-valoir
1984 : À l’origine, il était l’un des membres fondateurs des Ghostbusters. Sauf que d’une réécriture à l’autre, Winston Zeddemore est plutôt devenu un faire-valoir dépouillé de toute sa backstory, glissé dans l’histoire du premier volet en dépit du bon sens. Le numéro 2 se chargera de le remettre au cœur de l’histoire et d’en faire l’action-hero très cool qu’il aurait dû être. Malheureusement pour Ernie Hudson, son interprète, personne n’aime S.O.S. Fantômes 2.
2021 : Même pas un spoiler : les chasseurs de fantômes originaux reviennent jouer quelques bons vieux tubes dans L’Héritage. La vraie surprise, c’est que si Dan Aykroyd et Bill Murray semblent avoir un peu passé l’âge de ces bêtises, Ernie Hudson, lui, reste toujours fringant, classe, charpenté malgré les années qui ont défilé. Belle revanche pour le Ghostbuster mal aimé : s’il reste un seul morceau de légende intact, c’est bel et bien lui.
Texte de Romain Thoral et François Léger
SOS Fantômes - l'héritage : pas un Ghostbusters grand cru [critique]
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