Un beau film tragique sur la quête de paternité, porté par un épatant trio de comédiens.
Avec Barrage, Avant l’aube et Coup de chaud, Raphaël Jacoulot a montré sa capacité à développer la tension au fil de récits ancrés dans la réalité quotidienne. Elle est de nouveau à l’œuvre avec l’histoire de ce couple, François et Noémie, qui essaie en vain d’avoir un enfant. Un couple soudé jusqu’au jour où François croise la route de Patricia, une femme mariée avec qui il entame une liaison passionnelle secrète qui va donner naissance à cet enfant qu’il désire tant. Il se retrouve face à un choix cornélien : tout dire à sa femme sous peine que Patricia dise à son mari que cet enfant est de ce dernier. Jacoulot raconte le désir de paternité au masculin avec une acuité remarquable à travers ce personnage de François, pourtant écrasé par le poids de sa propre famille qui l’a poussé à reprendre la scierie familiale, dont sa femme est meilleure gestionnaire que lui. Le cinéaste décrit aussi bien la joie infinie qu’il ressent devant cette grossesse que son incapacité mortifère à formuler ce qu’il désire, qui va l’enfermer dans un piège tragique. Dans ce rôle, Jalil Lespert livre une composition saisissante, le corps lourd, ployant sous tous les renoncements qu’il a dû faire et dont le visage s’illumine dès qu’il est question de bébé. Et il est majestueusement accompagné par Louise Bourgoin, impressionnante dans la palette de sentiments que son personnage traverse, et Mélanie Doutey, dont le talent n’avait pas été aussi bien mis en lumière depuis des lustres. Alors même si la conclusion de ce récit paraît bâclée, l’essentiel est ailleurs. Dans le chemin pour y parvenir. Il vaut largement le voyage.
L'enfant rêvé, en salles le 7 octobre 2020
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