Affiches Films à l'affiche mercredi 10 mai 2023
Sony Pictures/ Eurozoom/ Le Pacte

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
L’EXORCISTE DU VATICAN ★★★☆☆

De Julius Avery

L’essentiel

Russell Crowe s’éclate dans le rôle- titre de ce film d’exorcisme qui, sans révolutionner le genre ni transformer Julius Avery en cinéaste génial, se révèle une série B  plus qu’honorable

Les films d’exorcisme semblent être un des rares sous-genres de l’horreur à ne jamais évoluer. Sans échapper à aucun des clichés plus ou moins réacs du genre, L’Exorciste du Pape pose une petite question amusante : pourquoi, dans les films, les démons s’emmerdent toujours à posséder les corps de petites gens alors qu’ils pourraient répandre un zbeul incroyable en s’emparant des puissants ? Si L’Exorciste du Pape ne va pas jusqu’au bout de cette réflexion rigolote, le film a le mérite de l’exposer. L’autre, et principal, mérite du film, c’est Russell Crowe : le bonhomme s’éclate en composant le rôle-titre, et c’est un véritable stand up. Que le film soit le meilleur de son réalisateur Julius Avery ne veut pas dire grand-chose mais on passe quand même un bon moment. Une petite prière pour Saint Russell.

Sylvestre Picard

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

SAKRA, LA LEGENDE DES DEMI- DIEUX ★★★☆☆

De Donnie Yen

Sakra est un wu xia pian on ne peut plus orthodoxe, tourné avec une foi inébranlable dans les grands principes du cinéma d'arts martiaux historico-héroïque chinois. Le sixième film signé par Donnie Yen, une des plus grosses stars du cinéma d'action actuel, qui s'est aussi donné le rôle principal, celui de Qiao Feng, héros et brigand au sein du « plus grand gang de mendiants au monde » se retrouvant au cœur d'un conflit embrouillé entre impérialistes et nomades dans la Chine d'il y a mille ans... Il y a des complots, des crimes, des masques, des pouvoirs magiques, et des scènes de combat qui concentrent le meilleur des techniques des quinze dernières années, alliant avec bonheur les effets en « dur » et le numérique. Quand ça se bat, on voudrait que ça ne s'arrête jamais alors que quand l'intrigue cherche à se dénouer, on aurait préféré là que des coupes franches aient eu lieu. Un paradoxe pas trop grave au vu du pied qu'on prend à regarder Sakra.

Sylvestre Picard

Lire la critique en intégralité

LA FILLE D’ALBINO RODRIGUE ★★★☆☆

De Christine Dory

Cela faisait 15 ans et le pourtant excellent Les Inséparables avec Guillaume Depardieu que Christine Dory n’était pas repassée derrière une caméra. Inspiré par des faits réels, cette Fille d’Albino Rodrigue a tout du retour gagnant. On y suit une ado de 16 ans, placée dans une famille d’accueil qui, alors qu’elle vient passer ses vacances chez ses parents biologiques, découvre que son père a disparu sans que sa mère ne semble pouvoir donner une explication convaincante. Récit à suspense, ce deuxième long développe surtout une relation mère- fille où l’ambiguïté et les mensonges de la première – à l’amoralité passionnante car rendant impossible à deviner jusqu’où elle peut aller dans la banalité du mal -   poussent la seconde à une émancipation à marche forcée. Deux personnages à l’écriture ciselée portés par un duo de comédiennes étincelantes : Emilie Dequenne et Galatea Bellugi.

Thierry Cheze

LE PARADIS ★★★☆☆

De Zeno Graton

Une histoire d’amour et de désir, voilà ce qu’a choisi de développer Zeno Graton dans son premier long découvert à Berlin. Une passion qui terrasse deux ados détenus dans un centre pour mineurs délinquants. Un emballement des cœurs et des corps qui, à la différence de la majorité des love stories queer sur grand écran, est vécu d’emblée sans inhibition et ne va pas se heurter aux réactions violentes de leurs camarades mais à des choses plus prosaïques : la peur d’une possible trahison, le manque qui se dessine quand l’un d’eux est censé quitter définitivement le centre. Le Paradis raconte l’amour comme un oasis de liberté dans un lieu clos, la fougue née du jeu avec l’interdit pour ne pas se faire surprendre. Le tout avec un lyrisme né du beau travail sur la lumière de Olivier Boojing (Rien à foutre) et l’interprétation intense de Khalil Gharbia (Peter von Kant) et Julien de Saint- Faye.

Thierry Cheze

THE WILD ONE ★★★☆☆

De Tessa Louise- Salomé

Disparu en 2019 à 89 ans, Jack Garfein fut à la fois une figure essentielle et totalement à la marge d’Hollywood. Le cofondateur de l’Actor’s Studio West, le découvreur de Steve McQueen, le premier à engager James Dean (pour sa pièce End as a man) mais aussi le réalisateur de deux films Demain seront les hommes (57) et Au bout de la nuit (61) censurés -  le premier pour « son ambiance homosexuelle », le second pour le réalisme de sa mise en scène d’un viol – qui lui ont valu d’être mis au banc et peu à peu oublié, hormis dans la mémoire cinéphile. C’est cet homme nombreux – survivant aussi de la Shoah – que Tessa Louise- Salomé raconte dans ce docu mêlant l’interview qu’elle a pu faire de lui, des images d’archives et un récit en voix- off par Willem Dafoe comme un récit intérieur de ce que Garfein n’a pu raconter lui- même. Un parti pris audacieux, parfois un peu confus, mais d’une beauté visuelle et sonore envoûtante.

Thierry Cheze

FAIRYTALE ★★★☆☆

De Alexandre Sokourov

La régularité jadis métronomique d’Alexandre Sokourov s’est arrêtée au début des années 2010 qui l’avaient vu pourtant couronné d’un Lion d’or pour Faust en 2011. Sept ans après Francofonia (2015), voici ce « conte de fée » expérimental. Dans un décor fantastique à l’allure d’un dessin mélancolique de Dürer, des « grands » hommes du XXe siècle attendent devant la porte du Paradis. Il s’agit de Staline, Mussolini, Hitler et Churchill, dont les visages travaillés numériquement à partir d’archives prennent vie. Sokourov, obsédé par la question du totalitarisme, poursuit un travail débuté avec Moloch (1999). Ce purgatoire n’est qu’un amas de ruines où les corps se dédoublent et où l’ironie fatiguée des uns et des autres, portée par des égos encombrés d’eux-mêmes, offre le tableau pathétique du pouvoir. Intrigant.

Thomas Baurez

ON A EU LA JOURNEE, BONSOIR ★★★☆☆

De Narimane Mari

Un film sur la mort, oui, mais surtout sur le pic de vie qui la précède. Avec ce documentaire intimiste, Narimane Mari fige l’ultime souffle de l’homme qu’elle a aimé. Décédé en 2019, Michel Haas fait figure de peintre canonisé dont la présence, et l’absence, hantent ces images. On comprend tout de suite pourquoi le travail de la réalisatrice, hybride entre cinéma et art contemporain, envahit les musées de renom. Ici, un ton surréaliste surplombe ces fragments décousus qui, assemblés, rappellent les cadavres exquis d’André Breton. Sont esquissées des bribes mémorielles d’une simplicité envoûtante, parsemées de messages vocaux et de sous-titres en calligrammes. Drôle par moments, touchant à d’autres, ce film est une lettre d’amour dont on ne sait qui des deux en est le réel destinataire.

Lucie Chiquer

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LE PRINCIPAL ★★☆☆☆

De Chad Chenouga

Bien que trop lent à démarrer, le nouveau Chad Chenouga (De toutes mes forces) a un défaut à rebours de la majorité des films actuels : sa trop petite durée. Car il peine à faire rentrer en 82 minutes toute la richesse qu’il ambitionne dans ce récit autour d’un principal adjoint de collège (Roschdy Zem, impressionnant de maîtrise et de nuances), très strict, très droit que son obsession pour la réussite de son fils – pourtant brillant élève – va pousser à la faute, au mensonge et l’illégalité. Il est ici question de méritocratie, de transfuge de classe, d’intégration mais sans verser dans un catalogue d’idées reçues. Car on vit ces thématiques à travers les paradoxes et les ambiguïtés de son personnage central où la qualité d’écriture de Chenouga fait là mouche. Dommage que le manque de temps l’ait empêché de mieux travailler certains personnages secondaires, trop réduits, eux, à des archétypes.

Thierry Cheze

WAR PONY ★★☆☆☆

De Riley Keough et Gina Gammell

C’est lors du tournage d’American Honey, dans le Dakota du Sud, que l’actrice Riley Keough a fait connaissance avec Bill Reddy et Franklin Sioux Bob, deux natifs américains membres de la tribu Oglala Lakota, qui lui ont fait découvrir, à elle et sa coréalisatrice Gina Gammell, la réserve de Pine Ridge. Ensemble, ils ont conçu War Pony, qui s’inscrit dans la lignée de The Seventh Fire et Les Chansons que mes frères m’ont apprises, des films qui veulent montrer la réalité des tribus autochtones, minées par la pauvreté, la drogue, l’absence d’espoir. Ce portrait croisé d’un jeune homme de 23 ans et d’un gamin de 12 ans vibre grâce à ses excellents interprètes, mais se heurte aux clichés du récit initiatique « indé » – narration lâche, poésie naïve. On est loin d’American Honey, justement, de ce mélange de réalisme et de lyrisme trash dont rêvaient sans doute Gammell et Keough.

Frédéric Foubert

99 MOONS ★★☆☆☆

De Jan Gassman

Ne nous y trompons pas, 99 moons est un film sensuel et plutôt érotique. Féministe aussi. Sur le papier, il a ses qualités. À l’écran aussi : il est beau, sombre et lumineux quand il faut, fluide, photographique, audacieux, avant-gardiste même. Sauf que. L’histoire d’amour (ou de sexe) entre Bigna et Frank, deux trentenaires underground, lasse vite. Et, au final, les corps nus, sauvages ou toxiques, contradictoires, ne nous effleurent guère.

Estelle Aubin

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LE COURS DE LA VIE ★☆☆☆☆

De Frédéric Sojcher

Il était une fois, dans une école de cinéma toulousaine, un quinqua, Vincent (Jonathan Zaccaï), aussi courtois que coincé, convie son premier amour, pas vu depuis des lustres, à une masterclass. La femme (Agnès Jaoui, plutôt juste) s’appelle Noémie et est devenue une scénariste réputée. Les deux se retrouvent. Puis Noémie prend la parole devant l’amphi et explique aux élèves, dans une (trop) longue scène, comment fabriquer un bon scénario. Entendre : vivre passionnément, tout observer, goûter à tout. Le Cours de la vie est un film bourré de leçons de vie et de mièvrerie. Qui flirte avec le documentaire, cherche en vain le naturalisme, mais échoue. Sonne faux. Le Belge Frédéric Sojcher confond le réalisme avec la modicité esthétique, la tendresse avec le moralisme, les personnages avec les stéréotypes. Creux.

Estelle Aubin

NEPTUNE FROST ★☆☆☆☆

De Saul Williams

Il était une fois, dans une école de cinéma toulousaine, un quinqua, Vincent (Jonathan Zaccaï), aussi courtois que coincé, convie son premier amour, pas vu depuis des lustres, à une masterclass. La femme (Agnès Jaoui, plutôt juste) s’appelle Noémie et est devenue une scénariste réputée. Les deux se retrouvent. Puis Noémie prend la parole devant l’amphi et explique aux élèves, dans une (trop) longue scène, comment fabriquer un bon scénario. Entendre : vivre passionnément, tout observer, goûter à tout. Le Cours de la vie est un film bourré de leçons de vie et de mièvrerie. Qui flirte avec le documentaire, cherche en vain le naturalisme, mais échoue. Sonne faux. Le Belge Frédéric Sojcher confond le réalisme avec la modicité esthétique, la tendresse avec le moralisme, les personnages avec les stéréotypes. Creux.

Thomas Baurez

LA REVOLE NATURE, DE LA VIGNE AU VERRE ★☆☆☆☆

De Aline Geller

Avec ce documentaire, Aline Geller s’attelle au vin nature, qui a pour unique ingrédient le raisin vendangé à la main dépourvu d’intrants œnologiques, et dont le marché de niche s’avère en pleine expansion. Elle part ici à la découverte de ces nouveaux passionnés, cavistes et sommeliers, et nous emmène de vignobles en caves, d’extérieur en intérieur, de la fabrication à la dégustation, en passant par le salon La Dive Bouteille à Saumur ou les vendanges en Beaujolais. Une forme très académique, dont la narration semblable à une dissertation nous tient à distance du fond pourtant intéressant et empêche de s’y plonger pleinement. Ce film informatif enchaînant les témoignages réjouira sans doute les experts, mais ne parvient pas à être aussi enivrant que les vins qui y sont présentés.

Lucie Chiquer

 

Et aussi

Hawaï, de Melissa Drigeard

Kill dating, de Olivier Goujon

Orso de Bruno Mercier

Le Prix de la vérité- L’Histoire vraie de Graham Staines de Aneesh Daniel

Reprises

Le Dernier Empereur, de Bernardo Bertolucci