Lundi à la Mostra, le mot d'ordre était à la singularité. Certains parlent même de folie en évoquant deux projections déroutantes, le docu de Casey Affleck sur la fausse retraite de son beau-frère Joaquin Phoenix, et le long-métrage de Vincent Gallo, acteur qui s'improvise toujours autant attaché de presse !
C’est la journée des cinglés. I’m still here est le fameux documentaire tourné par Casey Affleck pour enregistrer en direct ce qui ressemble à la désintégration en plein vol de son beau-frère Joaquin Phoenix après que celui-ci a déclaré vouloir abandonner son métier. On ne sait toujours pas si c’est un canular ou non, mais dans le genre, il est stupéfiant. Quelques indices (la coke, les putes, un épisode de défécation appelé à devenir célèbre) laissent penser à une mise en scène. Mais en fin de compte, le film constate une réalité implacable : les répercussions de ce hiatus psychotique sur la carrière de Phoenix seront très lourdes.
Un autre cintré, Vincent Gallo, présente Promises written in water, un film expérimental d’1H15, écrit, réalisé, produit, joué et composé par lui-même. Le temps et le récit sont abolis, et le film est une série de tableaux centrés sur le personnage de Gallo, dont on apprend peu de choses : il est riche , photographe et se fait embaucher comme croque mort. Il en profite pour photographier une morte. Le reste du temps, il fume et répète les mêmes phrases plusieurs fois à ses multiples petites amies. C’est filmé en noir et blanc (ou plutôt noir et gris) avec ce qui doit être un objectif très ancien. Aucun distributeur n’a acheté le film, parce que le prix demandé n’est pas raisonnable. Gallo a annulé la conférence de presse. Il n’a pas d’attaché de presse. Pour le joindre, il faut s’adresser à lui directement sur son email personnel.
Comme souvent à Venise, le film suprise est un film "interdit". Cette fois, il s’agit de The ditch du chinois Wang Bing, qui raconte les derniers mois de la vie de "droitistes", internés en 1957 dans un camp de rééducation en Mongolie. Sur les 1500 arrivés, seuls 500 ont survécu. Le buzz lui accorde déjà le Lion d’or.
Par Gérard Delorme.
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