Le Festival des Arcs est à la fois un thermomètre du cinéma européen et observatoire des enjeux de la distribution française.
"Du cinéma, de l'humanité, de la raclette et de la fondue". C'est ainsi que Radu Mihaileanu, président du jury du Festival de Cinéma européen des Arcs (Savoie, vers 2000 mètres de montagne), résumait la semaine qu'il venait de passer. Le réalisateur du Concert et de L'Histoire de l'amour avait raison (il y a eu beaucoup de fromage sacrifié cette semaine) mais ne disait pas tout sur un des événements cinéma de l'année. Récapitulatif en trois points et sans fromage.
Une sélection pointue
Frédéric Boyer, ancien boss de la Quinzaine des réalisateurs, est allé braconner la sélection du Festival à travers toute l'Europe, ramenant quelques pépites : citons le russe Zoology d'Ivan Ivanovitch Tverdovskiy (lhistoire d'une femme dotée d'une queue), le puissant The Fixer d'Adrien Sitaru (deux journalistes enquêtes sur la prostitution roumaine), le bulgare Glory co-réalisé par Kristina Groseva et Petar Valchanov (un cheminot trouve une fortune sur la voie ferrée, et remet sa découverte à la police qui le récompense d'une montre en toc), le superbe visuellement Pyromaniac sur un pompier norvégien pyromane... Des films qui, dans leur grande majorité, rendent compte de la réalité présente, de l'actualité de sociétés confrontées à de violentes tensions internes (beaucoup de films-autopsies) plus qu'externes. Des films nécessaires qui dessinent une autre géographie cinématographique de l'Europe. Le palmarès du Festival donne une bonne idée de l'exigence de la sélection :
Le palmarès du Festival des Arcs 2016 est ici
Citons également que Bertrand Bonello (Saint Laurent, Nocturama) a eu une carte blanche pour sélectionner des films et qu'il a fait (re)voir au public des Arcs Deep End de Jerzy Skolimowski ou Scum d'Alan Clarke. Plus des avant-premières flippantes au sein de la sélection "Frayeurs" comme Grave de Julia Ducourneau ou Dans la forêt de Gilles Marchand :
Arcs 2016 - Dans la forêt : petit film, grosse angoisse
Un focus sur les femmes
L'actrice Valeria Golino, également invitée, présentait son premier film en tant que réalisatrice, Miele (2013). Car en parallèle de la sélection, l'évenement du Festival était le focus sur les femmes de cinéma. Ateliers, tables rondes, débats et projections autour du thème "nouvelles femmes de cinéma", autour des femmes qui font des films et ne sont pas seulement leur objet. En présence, entre autres, de cinéastes comme Houda Benyamina (Divines), Joyce A. Nashawati (Blind Sun) ou Jessica Hausner (Lourdes). En fin de festival, la création d'un Observatoire de la place des femmes au cinéma a même été annoncée.
Un sommet professionnel en parallèle
Autre parallèle au Festival : le Sommet distributeurs-exploitants. Au programme, des avant-premières de films (L'Indomptée de Caroline Deruas, Dans la forêt déjà cité), mais surtout des ateliers entre distributeurs et exploitants de salles, où l'on présentait ses line-ups 2017 et où l'on réfléchissait à la salle de cinéma de demain. Voilà pour le côté pro des Arcs (on cite également l'épreuve de slalom distributeurs/exploitants), qui nous faisait pénétrer dans le monde de l'exploitation cinéma en France, et indiquait quelques tendances comme la salle de cinéma versatile et les applications ciné pour smartphones ludiques et spécialisées. Ludique et spécialisé : un bon résumé des Arcs, en fait. Il suffirait juste de rajouter un supplément fromage.
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