Toutes les critiques de Un monde

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Dans un monde bombardé d’images dans tous les sens, la cour d’école reste un sanctuaire, un des rares lieux non encore documentés à chaque seconde. Tant mieux pour la santé mentale des parents… et l’imagination des cinéastes qui, tout en se documentant sur ce qui s’y passe, peuvent évoluer dans un lieu qui reste mystérieux. Un monde plonge précisément dans la cour de récréation pour en faire le terrain du plus effrayant des films d’horreur : la terreur du quotidien. On y suit Nora, une élève de primaire, confrontée au harcèlement dont est victime son grand frère Abel. Que faire ? Que dire ? A qui parler pour stopper l’enfer et ne pas l’aggraver ? Elle va, de fait, se trouver tiraillée entre Abel qui lui demande de garder le silence, son père qui la pousse à parler mais aussi son besoin de s’intégrer, alors qu’associée au souffre- douleur de l’école, elle voit les autres se détourner d’elle. Laura Wandel raconte ce conflit de loyauté et cette cruauté… à hauteur d’enfants. On n’aperçoit ainsi le visage des adultes – qu’on sent totalement perdus - que lorsqu’ils se penchent pour leur parler. Embarqué dans des scènes où ils ne peuvent évidemment pas compter que sur leur seule nature, Maya Vanderberque et Günter Duret livrent une composition fascinante qui participe grandement à cet état de tension permanente, renforcée par le brouhaha incessant de la cour de récréation. Sous influence dardenienne parfaitement digérée, Laura Wandel engage physiquement le spectateur dans son récit. On en ressort KO, bouleversé et impressionné. Que ce premier long soit reparti bredouille de Cannes reste un mystère.