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Les rôles tragiques de Jean Dujardin sont toujours un peu hantés par ses faits d’armes en comédie. Après OSS dans Novembre, ici c’est Le Daim qui nous encombre la tête, à le voir arpenter la montagne en solitaire, consignant son journal, les sourcils froncés. Sauf qu’ici pas de folie : on se prend très au sérieux. Dans la peau de Sylvain Tesson, traversant la France après avoir miraculeusement survécu à une défenestration alcoolisée, Dujardin en fait des tonnes sur le mode de “l’écrivain-aventurier” hemingwayen à cigares et regards noyés dans l’horizon, s’abandonne à des aphorismes de haute volée (“je pouvais enfin retrouver la seule fiancée qui ne déçoit jamais : la liberté”), cite Thoreau au coin du feu, éconduit poliment des bergères émoustillées par son érudition virile, bref, se la joue. Bonne nouvelle : on rit limite autant qu’avant.