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par Sophie Benamon
Toutes les critiques de Né à Jérusalem (et toujours vivant)
Les critiques de la Presse
« S’il y a eu un attentat dans un bus, faisant 8 morts, vous pouvez aller boire une bière et donner rendez-vous votre amoureuse parce que c’était la routine pour Jérusalem. Si c’est un attentat dans un café faisant 15 morts, c’est plus rare, mais vous pouvez toujours aller boire une bière pour montrer qu’on est forts, mais pas faire de rendez-vous amoureux, parce que ce n’est pas romantique. » Voilà comment le protagoniste central de ce premier long métrage présente aux touristes la vie dans cette ville au début des années 2000. Ronan a une vingtaine d’années et son truc à lui c’est de faire une visite guidée de la principale artère de Jérusalem au fil des attentats suicides palestiniens survenus depuis la fin des années 1990. Loin d’être sordide, le « foot-trip » de Yossi Atia est une comédie noire sur une société qui tait ses traumatismes. Film sur la résilience, Né à Jérusalem dessine le portrait touchant d’un jeune homme d’aujourd’hui - il pourrait d’ailleurs être français- dont les souvenirs d’enfance et d’adolescence s’enchevêtrent avec des actes meurtriers. Son premier baiser a eu lieu à côté d’une plaque commémorative et lors de sa première expérience sexuelle, une bombe a explosé. Et il doit en plus se débattre, tout en maladresse touchante, avec un père qui l’appelle dès qu’il perd sa télécommande, un colocataire paresseux (qui fait penser à Rhys Ifans dans Coup de foudre à Notting Hill) et une amoureuse blessée. Et c’est toujours là où on s’y attend le moins que l’émotion surgit. Un coup d’essai façon coup de maître.