Manos Sucias

Deux jeunes désespérés acceptent d’acheminer cent kilos de cocaïne le long de la côte Pacifique colombienne. L’horizon de "Manos Sucias" semble tout tracé : un courant, une destination. Et même quand les personnages rejoignent la terre ferme, le récit continue d’avancer sur des rails, littéralement, puisque les deux héros suivent une voie de chemin de fer. À défaut de s’aventurer sur les bas-côtés de l’intrigue pour l’enrichir, le réalisateur marque régulièrement des pauses. Volontairement conçus, ces ralentissements (montage musical stérile, chanson un peu trop longue…) contribuent à la constitution du tandem. Et ce jusqu’au dernier et puissant coup de frein.

Ce polar social aurait mérité d'être plus ramassé. Plus tendu. Afin d'éviter les clichés, genre réconciliation virile au coin du feu.

Les maladresses du scénario sont effacées par la volonté de coller à la dure réalité du trafic de drogue chez les prolos et par la belle énergie de la mise en scène.

Le film est freiné par les accès didactiques du scénario, alourdi de justifications qui répondent plus aux standards de la fiction internationale qu’à la singularité du climat colombien.

Joseph Wladyka parvient à maintenir un suspense avec peu de moyens mais beaucoup d'effets.

Wladyka filme le réel, le monte pour servir son film, le résultat est parfois bancal, mais original et efficace.