Toutes les critiques de La Doublure

Les critiques de Première

  1. Première
    par Nicolas Schaller

    Le réalisateur cadenasse le timing comique de son film mais n'y injecte aucun souffle. Blinde ses quiproquos mais ne les fait pas vivre à l'écran. Du coup, la Doublure, où il est question de sujets on ne peut plus contemporains comme la presse people, l'ultralibéralisme ou le règne des valeurs matérialistes, paraît détaché du réel, sans véritable enjeu, voire un peu ringard (...) difficile de s'enthousiasmer plus que ça.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    François Pignon : un nom qui porte la poisse à ceux qui l'approchent mais qui, en trente ans, est devenu synonyme de chance pour son créateur, Francis Veber. Un vrai porte-bonheur qui, de film en film, engrange les succès publics sans discontinuer. Retour sur un personnage plus tordu qu'il n'y paraît.
    - Sur les forums, venez dresser le portrait du François Pignon version 2006.Nom : Pignon. Prénom : François. Signes caractéristiques : maladroit, malchanceux, naïf, sujet à la dépression. Situation familiale: divorcé. Profession : Monsieur tout le monde. Le portrait semble simple et on pourrait s'arrêter là. D'un film à l'autre, le personnage de Veber revient, immanquablement, parfois remplacé par son frère jumeau François Perrin. Depuis L'Emmerdeur jusqu'à La Doublure, Pignon change de visage mais reste le même, tout en évoluant discrètement au gré des époques. La force de Veber est d'avoir saisi que ce personnage ne serait rien en soi s'il ne s'inscrivait dans un des registres comiques les plus anciens : le duo.Car le duo humoristique a toujours fait les beaux jours du Septième Art : Laurel et Hardy, Abbot et Costello, Jack Lemon et Walter Mathau. Même Buster Keaton et Charlie Chaplin, chacun de leur côté, y ont eu recourt en leur temps. Le principe consiste à faire de l'un le faire valoir de l'autre, les couples de comédie fonctionnant sur un principe d'opposition. François Pignon, c'est l'homme approximatif et maladroit, empêtré dans ses obsessions. Une victime permanente dont les gesticulations sont le moteur de l'histoire. En face, son acolyte incarne la virilité ordinaire : force physique, assurance et peu de disposition à l'agitation inutile. Antagonistes parfaits, les deux personnages sont longtemps liés par une relation attachement/agacement.Tout change dans les années 1990 : Pignon devient le symbole de l'homme instrumentalisé, réduit au statut d'objet bon à être jeté après usage (Le Dîner de cons). Il perd dans cette transformation une bonne part de sa poésie. Face à lui, plus de gangster ou autre aventurier bourrus mais généreux, mais un homme d'affaires imbu et cynique, assis sur un pouvoir financier qui lui donne tous les droits. Le principe d'opposition, sans lequel Pignon ne serait pas grand-chose, change de registre : désormais sa naïveté sert surtout à souligner le cynisme et la médiocrité morale de l'« autre ». Au fond, le grand gagnant des tribulations comico-sadiques de Pignon, c'est le spectateur auquel Francis Veber permet de plus en plus de porter un regard condescendant sur son personnage. L'homme de la salle devient le puissant, celui qui peut à la fois se dire proche et différent de Pignon.Dépressif dans les années 1970 (L'Emmerdeur), chômeur dans les années 1980 (Les Fugitifs), bête de foire pour cadres sup dans les années 1990 (Le Dîner de cons), petit employé prêt à tous les mensonges pour garder sa place dans les années 2000 (Le Placard), François Pignon est tout le monde sans être réellement qui que ce soit. Dans La Doublure, le rôle s'ouvre même aux « minorités visibles », avec cette fois Gad Elmaleh en Français moyen, modeste petit voiturier.
    Serait-ce là une énième transformation de la semi-loose la plus célèbre de France ? En clair : en 2006 c'est qui François Pignon ? Vanina Arrighi de Casanova et Manuel Merlet- Sur les forums, venez dresser le portrait du François Pignon version 2006.