Toutes les critiques de Après la guerre

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    En 1985 le président français permet aux anciens activistes d’extrême-gauche italiens des années de plomb, d’éviter une extradition vers leurs pays d’origines pour peu qu’ils aient exprimé leur désengagement vis-à-vis de la cause. Baptisée pompeusement « doctrine Mitterrand », celle-ci sera remise en cause en 2002 avec l’autorisation d’extradition de l’écrivain Cesare Battisti, depuis réfugié au Brésil. L’action d’Après la guerre se déroule entre l’Italie et la France cette même année, et tourne autour de la figure de l’ex-gauchiste Marco (Giuseppe Battiston) rattrapé par son passé sanglant. A la journaliste (Marilyne Canto) qui lui demande s’il nourrit des regrets, il répond sans ambages : « Chacun de nous a eu ses morts, comme dans toutes les guerres. » Tout ici, on s’en doute, est affaire de perspectives.  Lorsque le film regarde à travers les yeux fatigués et désespérés de Marco, c’est un monde clair-obscur qui s’offre à la caméra. L’obscurité permet aussi bien de se cacher physiquement que de mettre au chaud les contradictions de toute une vie faite de violence et de calme relatif. « La France nous a hébergé, nous a permis de changer de vie. Elle ne peut pas donner sa parole et revenir dessus 20 ans après ! » s’énerve Marco. De l’autre côté du miroir, il y a l’Italie où le meurtre d’un professeur d’Université ravive les tensions passées et menace la famille de Marco restée au pays. L’image évite cette fois les contrastes et déploie un hors champ plus vaste. Un petit appartement devient ainsi un lieu assiégé par des ennemis invisibles. Si le film un poil didactique d’Annarita Zambrano pèche par prudence historique (le sujet est très sensible en Italie), il a le mérite d’éviter la surenchère et de rester à hauteur de l’intime. Celles et ceux qui voudraient du Romanzo Criminale ne seront pas servis.