Mud
Ad Vitam

Ce film avec Matthew McConaughey et Tye Sheridan a conquis Première à sa sortie, le 1er mai 2013.

Troisième film et troisième sans-faute pour Jeff Nichols. En convoquant Tom Sawyer et Terrence Malick, Paul Newman et la mythologie du Mississippi, le prodige du cinéma américain nous racontait début mai 2013 comment il a négocié l’après-Take Shelter avec Mud. Flashback, alors que le film fête le dixième anniversaire de sa sortie française.

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Cette interview a initialement été publiée en mai 2013, accompagnée d'une critique très enthousiaste du film.

Sur une île du Mississippi, deux ados de 14 ans font la connaissance d’un fugitif beau parleur (Matthew McConaughey) qui rêve de prendre le large…

Un an tout rond après la présentation du phénoménal Take Shelter à la Semaine de la Critique, le jeune prodige US Jeff Nichols est de retour à Cannes avec Mud, son troisième long, un fabuleux récit d’initiation dialoguant avec Mark Twain et Paul Newman.

Jeff, comment avez-vous abordé l’étape du troisième film ? Après le triomphe critique du précédent, beaucoup de gens attendaient une sorte de Take Shelter 2. Ils risquent d’être surpris…
Je n’ai pas spécialement été paralysé par le succès de Take Shelter, tout simplement parce que Mud avait été écrit longtemps avant. En fait, j’ai écrit Take Shelter et Mud le même été. Ceci dit, l’idée était quand même de proposer un film différent des précédents… C’est d’abord une question de rythme. Comme c’est un film sur des enfants, sur un fleuve, l’énergie n’est pas la même. Et mon ambition était aussi de me confronter directement à la question du classicisme, aux grandes mythologies du cinéma américain.

Pas que du cinéma, d’ailleurs… L’ombre de Mark Twain plane sur le film.
Complètement. J’ai lu Tom Sawyer pour la première fois quand j’étais en quatrième. Il y a un passage dans le livre où Tom s’endort sur le sable au bord du Mississippi. Il ne s’y passe quasiment rien, mais c’est un moment tellement radieux, on peut y sentir la joie pure de l’enfance… Cette image ne m’a jamais quitté. J’ai essayé de retrouver ce sentiment dans Mud, capturer le rapport au monde très particulier qu’on a quand est jeune.

Les ados du film sont plus vieux que Tom Sawyer…
Oui, ils ont 14 ans, ils commencent à se poser des questions sur la masculinité. L’un des grands sujets du film, c’est la déception amoureuse. Ce que ça fait quand, pour la première fois de ta vie, une fille te brise le cœur…

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Ad Vitam

Matthew McConaughey est génial dans le film, vous lui avez offert le grand rôle à la Paul Newman dont on rêvait depuis Lone Star… Vous avez écrit Mud en pensant à lui ?
Oui. J’ai imaginé l’histoire du film à la fin des années 90, et déjà à l’époque je ne voyais que Matthew dans le rôle. Il était en train de devenir une grosse star. Dazed and Confused avait prouvé qu’il avait de l’humour, Lone Star qu’il était capable de porter sur ses épaules une immense mythologie. J’adore Paul Newman, et Matthew me fait penser à lui. Ils ont ce truc unique – tout le monde les aime instantanément. Je voulais utiliser l’aspect solaire de Matthew, son côté movie star, mais aussi sa facette un peu décavée, sa dent de travers, tout ça… Si j’avais choisi l’acteur hot du moment, quelqu’un comme Tom Hardy, le film n’aurait pas été le même. Je voulais que Mud ressemble à un grand classique américain, et Matthew était l’homme de la situation.
Propos recueillis par Frédéric Foubert

Voici la bande-annonce de Mud, qui est à (re)voir sur Première Max :


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