Caryl Churchill

L’auteur dramatique anglaise Caryl Churchill naît le 3 septembre 1938 à Londres, à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale. C’est à la sortie du conflit que sa famille décide de quitter la Grande-Bretagne pour s’installer au Canada où Caryl Churchill intègre une école de filles du nom de Trafalgar School à Montréal.Elle fait par la suite le chemin inverse pour entamer des études en littérature anglaise à l’établissement universitaire Lady Margaret Hall d’Oxford. Caryl Churchill quitte l’université en 1960, son diplôme en poche, à vingt-deux ans, et se marie l’année suivante à un avocat du nom de David Harter, avec lequel elle a trois fils, Paul, Rick et Joe, ils vivent à Islington dans la banlieue nord de Londres.Mais bien avant de fonder une famille, Caryl Churchill s’était déjà illustrée alors qu’elle était encore étudiante en créant des pièces de théâtre qui lui ont très vite attiré nombre de compliments. Parmi ces spectacles, Downstairs (1951), Having a wonderful time et Easy Death sont particulièrement bien accueillis et encouragent la prometteuse dramaturge londonienne à poursuivre dans la voie de l’écriture scénique.Les idées de Caryl Churchill imprégnées d’un féminisme convaincu mais pas virulent pour autant, et d’une volonté de changement social et politique, trouvent écho sur les ondes de la British Broadcasting Corporation pour laquelle elle écrit une quantité considérable de pièces théâtrales courtes très appréciées par les auditeurs, et surtout les auditrices de la radio britannique. Les femmes au foyer, qui à l’image de la dramaturge, passent beaucoup de temps devant leur poste radio tout en s’acquittant des tâches domestiques, se fidélisent aux scénettes proposées par Caryl Churchill. Des histoires à travers lesquelles elle fait étalage d’un sens de l’humour prononcé et qui lui permettent de dénoncer les dérives violentes et machistes de la société.Durant les années soixante et soixante-dix, Caryl Churchill se produit à la BBC en signant des pièces comme Lovesick en 1966, Enough Oxygen en 1971, ou encore Perfect Happiness en 1973.Outre la radio, la télévision se propose également d’ouvrir ses portes à l’auteur dramatique. Mais malgré quelques titres portés sur le petit écran parmi lesquels The Judge’s Wife, Save it for the Minister en 1975 et The Legion Hall Bombing trois années plus tard, Caryl Churchill ne cache pas sa préférence pour la production radiophonique.L’auteur ambitionne par ailleurs de se consacrer à l’écriture de pièces de théâtre proprement dites, c’est-à-dire destinées à être jouées sur les planches. Caryl Churchill a la possibilité de le faire à partir de 1974, date de sa nomination au Royal Court Theatre de Londres où elle devient la première femme auteur résidente. C’est ainsi qu’une série de pièces aux accents résolument féministes et sociopolitiques sont présentées par la dramaturge. Dans Vinegar Tom, Caryl Churchill se penche en 1976 sur la question de la femme qui lui est chère, puis enchaîne en dénonçant les perversions de l’argent et de la politique dans Serious Money et Mad Forest vers la fin des années quatre-vingt.Si The Skriker, sorti en 1994 et Top Girls présenté une décennie auparavant s’érigent en manifestes pour la défense de la cause féminine, il en est de même pour l’insolite et étrange Far Away que met habilement et sobrement en scène Peter Brook en 2000.Le comique typiquement britannique de Caryl Churchill s’exprime notamment dans un spectacle d’un peu plus d’une heure réalisé par Catherine Hargreaves et intitulé A number. Ce thriller psychologique propose au spectateur l’idée de seconde chance, à travers l’histoire d’un homme à qui est donnée l’occasion de recommencer l’éducation ratée de son fils.A l’origine d’une quarantaine de travaux scéniques, on peut dire de Caryl Churchill qu’elle est une artiste politiquement et socialement engagée, engagement traduit par son militantisme en faveur de la cause palestinienne au sein de Palestine Solidarity Campaign fondée en 1982.