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Des années 1950 à nos jours, retour sur l'évolution de la transidentité sur petit et grand écran.

Que ce soit la révélation de la nouvelle identité de Caitlyn Jenner, anciennement Bruce, en couverture de Vanity Fair, la starification de Laverne Cox, l'actrice d'Orange is the New Black ou encore le succès sur grand écran de The Danish Girl ou d'Une Nouvelle Amie de François Ozon sans oublier les récompenses de Transparent, aujourd'hui la transsexualité n'est plus tabou dans la pop culture.

Avant 1968 et la libération sexuelle qui s'en suit, difficile d'imaginer la communauté transgenre s'épanouir dans la société.
Pourtant en France Bambi et Coccinelle font figure d'exemples et précurseurs, célébrités de la nuit parisienne et d'une époque qui se veut libertaire. Mais si en France, la transsexualité reste confinée à un milieu encore fermé, Outre-Atlantique les personnages transgenres tiennent le haut de l'affiche : Certains l'aiment chaud est un succès critique et public et met en scène dès 1959, dans une Amérique so pudibonde, Tony Curtis et Jack Lemmon grimés en femme pendant qu'Andy Warhol immortalise sa muse transgenre Holly Woodlawn dans deux longs-métrages Trash puis Women in Revolt en 1971 et que The Rocky Horror Picture Show sur la gloire des causes gay et trans est projeté pour la première fois en 1975 et deviendra vite culte.

 

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Mais si les milieux artistiques et underground ouvrent à bras ouverts leurs univers aux transgenres, la société reste encore frileuse : le Kansas interdira d'ailleurs de ses salles de cinéma Certains l'aiment chaud, jugeant "trop perturbant" que deux hommes se travestissent et la Ligue pour la Vertu de l’Église Catholique Américaine condamnera le film tout comme celui de Jim Sharman

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Jusqu'aux années 90, la transsexualité et sa représentation dans la pop culture restent confinées à des refuges artistiques comme dans le milieu du rock (David Bowie, Lou Reed) et du punk et la représentation des transexuels sur grand écran se résume à des personnages excentriques (Le Père Noël est une ordure, Tootsie), vivant majoritairement en dehors de la société 

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Il faudra attendre le début des nineties pour qu'après de brèves apparitions souvent caricaturales, les personnages transgenres s'imposent, à part entière, petit à petit sur grand écran : dans la peau d'un tueur en série trans dans Le Silence des Agneaux, dans la peau de la maîtresse de Bruce Willis dans l'erotico-thriller Color of Night, dans le rôle d'un père dans Tout sur ma mère ou encore dans un rôle à Oscar dans Boys Don't Cry (avec Hilary Swank). 

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Et même si souvent les transsexuels sont encore représentés comme psychologiquement perturbés, Pedro Almodovar et Kimberly Peirce sont les premiers, avant la révolution des années 2000, à filmer les transsexuels sans le drama représentatif jusqu'alors associé aux personnages trans, travestis ou homos.

Les années 2000 libéreront enfin les paroles et les actes. 
Si Chandler Bing dans Friends continue d'aborder la transidentité de son père de façon presque burlesque et diffamatoire, le petit écran commence lui à faire la part belle aux personnages transsexuels : Ava Moore dans Nip/Tuck, Moira/Max dans The L Word, Carmelita Rainer dans Dirty Sexy Money ou encore Alexis Meade dans Ugly Betty

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Au cinéma aussi la transidentité devient un sujet pris avec sérieux : Chouchou aborde la violence transphobe et la réalité du Maroc qui après avoir été le premier pays à opérer les transexuels les rejettent de sa société, Transamerica revient sur la réalité médicale à laquelle sont confrontés les trans américains.

"C'est la suite logique des convergences militance, visibilité, banalisation et meilleure compréhension du fait transgenre", analyse Karine Espineira, auteure d’ouvrages sur la transidentité pour expliquer l'émergence des personnages transgenres dans les séries de manière fréquente et la représentation bien moins caricaturale de la transidentité sur grand écran.
Ce n’est "pas un phénomène de mode", confirme Stéphanie Nicot, transgenre et présidente de la fédération LGBT. "Dans quelques années, ce sera normal  d’avoir ces personnages dans les séries, comme aujourd’hui pour les autres minorités, les gays, les Afro-Américains…", poursuit-elle.

Et le succès de Sense8, Transparent ou encore Laurence Anyways de Xavier Dolan, The Danish Girl et Hit & Miss avec Chloë Sevigny le confirment enfin aujourd'hui. 

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