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Seth Rogen et Evan Goldberg ont fait la série de fan ultime. Notre critique.

Après avoir exploité le filon des zombies à toutes les sauces ou presque, la chaîne américaine AMC explore aujourd'hui de nouveaux mondes, ceux du Preacher. La nouvelle série événement, écrite, produite et réalisée par Seth Rogen et Evan Goldberg (le duo qui se cache derrière les films The Interview et This is the End) à été lancée dimanche soir outre-Atlantique. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le pilote donne envie d'y croire. Attention spoilers !

L'histoire de Preacher, c'est celle de Jesse Custer (Dominic Cooper), de retour chez lui, dans une petite ville au fin fond du Texas. Ancien voyou mais fils de pasteur, Jesse reprend l'église de son père décédé. Sauf qu'il n'est pas vraiment fait pour ça. Incapable de livrer de vrais sermons, d'aider ses paroissiens, il n'est même pas vraiment croyant. D'autant que son mystérieux passé le rattrape quand sa copine, la très "badass" Tulip, lui demande de faire un nouveau "coup" avec elle. Pendant ce temps, dans le reste du monde, d'étranges phénomènes frappent les congrégations religieuses. Une mystérieuse force venue du fin fond de l'espace fait exploser un prêtre africain, puis un pope en Russie et même... Tom Cruise, le porte-parole de la Scientologie !


Oui, vous avez bien lu : dans Preacher, Tom Cruise explose en mille morceaux, frappé par une étrange puissance mystique. Voilà qui résume bien l'esprit complètement barré de cette nouvelle série, assez fidèle à celui du comics, créé par Garth Ennis (chez Vertigo). Une BD dont Seth Rogen et Evan Goldberg sont des fans inconditionnels, et ça se voit. Si le show TV prend (forcément) quelques distances avec l’œuvre originale, l'essence de Preacher est bien là. Déjantée, impertinente, choquante, parfois gore, la nouvelle série AMC risque fort de devenir le buzz incontournable de l'été.

Pourtant, la construction du récit n'est pas franchement accrocheuse. Elle est même assez chaotique. Ce premier épisode se présente comme un puzzle, un peu fouillis, qui prend forme lentement, tout doucement. Hormis quelques coups de boost sanglants et jubilatoires, le rythme est plutôt décousu et on n'est jamais vraiment sûr de là où Preacher veut nous emmener. Mais au bout du compte, on a très envie d'en voir plus.

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Notamment d'explorer davantage ces personnages incroyables, à peine esquissés dans cette première heure, et qui seront très clairement la grande force de la série. Qui est Cassidy, cette improbable créature immortelle et alcoolique ? Qui est l'explosive Tulip ? Quelle force a pénétré dans notre Preacher ? Et puis qu'est-ce que c'est que ce jeune homme avec une tête d'anus ? Le casting (Dominic Cooper en tête) rentre prodigieusement dans la peau des ces héros baroques, et pour tous ceux qui n'ont jamais lu les comics, le voyage a quelque chose de fascinant, d'hypnotique même.

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Il contient aussi, pour le spectacle, quelques boyaux, des fractures ouvertes, pas mal d'hémoglobine et beaucoup d'humour noir. Pas assez encore pour arriver au niveau des comics, mais c'est un départ plus que prometteur. Et on fait toute confiance au showrunner Sam Catlin, ancien producteur et scénariste de Breaking Bad, pour apporter la folie et l'exigence nécessaires à cette version télé. Le cheminement mystique de Jesse Custer dans sa quête de Dieu ne fait que commencer. Les voies du Preacher sont incommensurables.

En France, Preacher est diffusée sur OCS.