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Dans le cadre de son émission Place au cinéma, à 20h50 sur France 5, Dominique Besnehard propose Une histoire de femmes, avec Isabelle Huppert.

En 1988, Claude Chabrol s’intéresse à "Une affaire de femmes", autrement dit, l’avortement. Pour aborder ce sujet encore sensible, dix ans après la légalisation de l’avortement, le cinéaste choisit de mettre en images une histoire vraie, racontée dans un livre de Fancis Szpiner.

Celle de Marie-Louise Giraud, une "faiseuse d’ange" guillotinée par le régime de Vichy en 1943.

A l’écran, c’est Isabelle Huppert qui prend ses traits. Elle est Marie, mère de deux enfants, qui lutte pour joindre les deux bouts alors que son mari est prisonnier en Allemagne. Un jour, elle aide sa voisine à avorter. Mais très vite, les femmes des environs se passent le mot et lui demandent de l’aide pour en finir avec des grossesses non désirées. Une activité qui se révèle rentable et qui change la vie de Marie… jusqu’à sa perte.

Marie-Louise, qui a inspiré le personnage de Marie à Claude Chabrol, vit en Normandie, à Cherbourg, quand débute la Deuxième guerre mondiale. Quand son mari revient d’Allemagne, blessé et incapable de travailler, elle doit subvenir aux besoins de toute la famille. Ils vivent difficilement. Tout change à l’été 1940. Elle vient en aide à une voisine, Gisèle, qui tente d’avorter. Quand elle reçoit d’elle un onéreux phonographe, Marie-Louise décide de proposer ses services contre rémunération.

En deux ans, elle aurait pratiqué 25 avortements, la plupart sur des prostituées à qui elle louait des chambres. Si l’avortement était un délit quand elle débute son activité, il devient "crime contre la sûreté de l’Etat" en février 1942. Le régime de Vichy prévoit la peine de mort pour les "faiseurs d’ange".

En octobre 1942, une lettre anonyme dénonce ses pratiques. Jugée quelques mois après son arrestation, elle sera finalement guillotinée en juillet 1943. Seul le maréchal Pétain aurait pu la gracier, ce qu’il a refusé.

Trente ans plus tard, c’est notamment l’histoire tragique de Marie-Louise Giraud qui a inspiré Simone Veil. En 2014, dans le livre "Les hommes aussi s’en souviennent", elle raconte qu’à la fin des années 50, quand elle travaille dans l’administration pénitentiaire, l’affaire hante encore de nombreuses secrétaires. Une affaire "qui les avait profondément traumatisées".