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Avec 13 nominations, La Forme de l’eau est le favori des prochains Oscars.

Le conte fantastique de Guillermo del Toro vient d’être nommé dans 13 catégories aux Oscars 2018. La Forme de l’eau est ainsi en lice pour la statuette du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure actrice (Sally Hawkins) des meilleurs acteurs/trices dans un second rôle (pour Richard Jenkins et Octavia Spencer), du meilleur scénario original, de la meilleure photo, des meilleurs décors etc. (Presque) tout sauf le maquillage, curieusement : la créature jouée par Doug Jones est pourtant impressionnante visuellement.

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Ces multiples nominations font de La Forme de l’eau le grand favori de l’Académie, et même s’il ne remporte pas tous ces prix le 4 mars prochain, l’accueil critique phénoménal du film dans la presse marque la consécration du réalisateur mexicain. A 53 ans,  cet amoureux des monstres reçoit enfin toute la reconnaissance de ses pairs. Repéré dès son tout premier film Cronos en 1993, Del Toro a ensuite passé 25 ans à sortir de l’ornière gore, comics et sous-culture où l’avaient confiné Mimic, Blade II et Hellboy. Retour sur sa carrière.

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2001 L’Echine du Diable

Dès son premier film Cronos (1993) Del Toro est à Cannes (prix à la Semaine de la critique). Mais le gore poisseux de Mimic (1997) le cale en wannabe petit maître du gore d’exploitation. L’Echine du Diable, avec son internat franquiste et l’influence chic de l’Esprit de la ruche lui permettra de rafler des prix dans les festivals de genre, pas de s’imposer comme auteur clef.

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2006 Le Labyrinthe de Pan

Les vampires de Blade II (2002) et les nazis BD de Hellboy (2004) ont fini de transformer Del Toro en héros et héraut pop culturel. Il en profite pour livrer ce concentré de fantasmagorie où se mêlent esprit libertaire, guérilléros de BD, contes horrifiques et influences picturales élégantes (dont Goya, puisqu’on est en Espagne). Il est entendu : compèt’ à Cannes (zéro prix) et trois Oscar (photo, direction artistique et maquillage).

2015 Juré à Cannes

Après le coup d’éclat Pan, Del Toro retourne au blockbuster, enchaînant un de ses meilleurs films (Hellboy 2, 2008) et l’un de ses plus discutés (Pacific Rim, 2013), réservant ses coups d’éclat arty à sa casquette de producteur/grand frère bienveillant (l’Orphelinat de J. A. Bayona en 2007, Mama de Andy Muschietti en 2013). Son retour dans les ors des grands festivals se fera au sein du jury cannois présidé par les frères Coen. Palme à Dheepan, l’année de Sicario (zéro prix) et de Mad Max Fury Road (pas en compét’). On ne peut pas tout avoir, non plus.

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2016 expo au LACMA

Comme son aîné Tim Burton au MoMa de New York, dont Crimson Peak (2015) semble le rapprocher encore un peu plus, Del Toro a son expo personnalisée au LACMA de Los Angeles. Titré « At Home with Monsters », l’événement réunit le travail de dessins, esquisses, maquettes et « concept arts » de ses films dans les prestigieuses salles du grand musée californien. A travers Del Toro, c’est tout un univers de poésie morbide et pop qui se voit labellisé art moderne.

2017 Five Came Back

Cinq cinéastes contemporains parlent de cinq « monstres sacrés » de Hollywood ayant participé à la seconde guerre mondiale comme documentaristes. Spielberg se charge de Wyler, Coppola de Huston, Greengrass de Ford, Kasdan de Stevens et, à la surprise générale, Del Toro de Capra. Surprise générale bis : c’est lui qui se montre le plus érudit, le plus empathique et le plus émouvant, en évoquant un cinéaste pourtant très éloigné de son univers esthétique. Del Toro serait donc un cinéphile sans chapelle ?

2017 Lion d’or à Venise

L’année 2017 se conclut par sept nominations aux Golden Globes, lançant la Forme de l’eau comme favori numéro 1 dans la course aux Oscar. Entre-temps, Del Toro a fait partie des cérémonies du 70ème anniversaire cannois en mai et créé la surprise à Venise, où le jury présidé par Annette Bening lui a décerné un Lion d’or inattendu. Unanimement reconnu comme son meilleur film (au moins depuis le Labyrinthe de Pan), il devrait changer définitivement la carrière d’un cinéaste devenu un artiste reconnu, presque officiel. Un piège ou une libération ?

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Bande-annonce de La Forme de l'eau :


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