L'amour flou affiche
Rezo Films

En filmant leur « vraie » séparation, Romane Bohringer et Philippe Rebbot signent une grande fiction d’amour.

Ils ont pris tout ce qu’ils avaient sous la main (leurs potes connus –Reda Kateb - ou pas, leur chien, leurs enfants, leurs parents – dont Richard -, leurs maisons et même la vraie Clémentine Autain) pour ficeler, à bas coût, la plus attachante anti-comédie romantique de l’automne. Mais Romane Bohringer et Philippe Rebbot, véritable couple à la vie, ont surtout pris leurs sentiments réels pour construire le récit bien fagoté de la déliquescence de leur amour. Le pari de l’autofiction cinématographique à la française était casse-gueule, et ils s’en sortent bien. C’est que leur histoire est à la fois banale (dix ans de vie commune, deux beaux enfants et l’inéluctable désamour qui finit par pointer) et singulière (pour ne pas aller trop dans le mur, ils décident de le casser, le mur, et de vivre dans deux appartements séparés mais reliés par la chambre de leurs enfants). Les deux acteurs sont surtout terriblement touchants, débarrassés de tout égo, plongés jusqu’au cou dans leur lutte pour se quitter dignement. La forme de leur Amour flou est d’ailleurs à leur image : foutraque, imparfaite, sorte d’hybridation charmante entre les larmes et les rires, la mauvaise foi et une sincérité rare, le documentaire à même leurs souvenirs de vacances filmés à l’Iphone et la fiction pure. C’est elle qui finit par emporter le spectateur, qui oublie que ce sont deux véridiques anciens amants qu’ils ont sous les yeux et se laisse emporter par cette romance si honnêtement vécue qu’elle en devient universelle, condensant en elle seule toutes nos amours passées.

 

L'amour flou, en salles le 10 octobre 2018