Joker Joaquin Phoenix
2019 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved. TM & © DC Comics / Niko Tavernise

Selon ses créateurs, le film n’incite ni à la haine ni à la violence.

Alors que Joker n’en est qu’à sa tournée des festivals à travers le monde et qu’on l’attend encore pour début octobre dans les salles, une polémique a commencé à prendre de l’ampleur : le film inciterait à la violence. Une crainte née de l’attentat d’un cinéma à Aurora aux États-Unis, dans le Colorado. Durant une première de The Dark Knight Rises en 2012, un homme ouvrait le feu, tuant douze spectateurs. Aujourd’hui, la sortie d’un film tournant lui aussi autour du personnage du Joker ravive visiblement des souvenirs de ce drame. Si à l’époque les médias s’étaient emparé de l’affaire en affirmant que James Holmes, le tireur, s’était inspiré du Joker (celui portraituré par Heath Ledger dans The Dark Knight, en l’occurrence), la police avait par la suite démenti l’information en insistant sur l’absence de preuves.

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Joaquin Phoenix a déjà été la cible de la polémique, décidant de mettre fin à une interview alors que la question était abordée. Et récemment, une lettre ouverte à la Warner Bros. a été publiée sur les réseaux, révélant les craintes des expéditeurs - des proches des victimes de la tuerie de 2012 - de voir un méchant présenté comme un héros. Et exigeant des studios qu’ils assument leur "responsabilité sociale" en prenant des mesures de précaution concernant les projections.

La société de production a finalement répondu, défendant fermement le film tout en rappelant que le studio est déjà impliqué dans des campagnes de sensibilisation face aux violences. "Warner Bros. croit que l'une des fonctions du récit est de poser des questions difficiles autour de sujets complexes," affirment les producteurs dans une déclaration relayée par Deadline. "Mais ne vous méprenez pas : ni ce Joker fictif, ni le film, ne sont une approbation de la violence dans le monde réel, quelle qu’elle soit. Ce n’est pas l’intention de l’œuvre, des cinéastes ou du studio de faire de ce personnage un héros."

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De son côté, Todd Phillips a lui aussi été interrogé sur la probabilité que son film engendre de la haine ou des tueries. Mais contrairement à l’interprète du super-vilain de DC Comics, le réalisateur ne s’est pas défilé et a donné son propre avis auprès d’AP Entertainment. "Évidemment, Aurora a été un événement horrible, vraiment horrible…" affirme Phillips. "Mais même ça, on ne peut pas le reprocher à The Dark Knight Rises. D’autant plus que si vous faites attention aux déclarations, le tueur n’a jamais revendiqué son inspiration du Joker. Il souffrait d’une dépression nerveuse, mais toute cette histoire n’a rien à voir avec le long-métrage, si ce n’est que c’est arrivé dans une salle de cinéma."

Et le cinéaste n’hésite pas à comparer Joker à d’autres blockbusters récents, qu’il juge bien plus brutaux et pourtant plus facilement acceptés : "Ce qui m’énerve, c’est qu’on tolère les violences toxiques d’autres films. Je sors de John Wick 3. C’est un homme blanc qui tue 300 personnes et tout le monde rit, hurle dans la salle. À quel moment décide-t-on que ces deux films répondent à des normes différentes ?" Pour réellement comparer les deux œuvres, il faudra attendre leur sortie en salles pour se faire un avis personnel sur la controverse. Rendez-vous le 9 octobre.

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