Birds of Prey
Warner Bros. Entertainment Inc.

Un film de gang de filles explosif qui s’inspire de Tarantino, Ritchie ou Vaughn. Loin d’être parfait mais assez original et divertissant.

Alors que le succès fou de Barbie commence à peine à s'atténuer, son actrice principale Margot Robbie reviendra dimanche soir à la télévision. Rendez-vous précisément sur TF1 à partir de 23h20 pour (re)voir Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn).

Pas besoin d'avoir vu tous les blockbusters du "Snyderverse" pour comprendre : ce huitième film de l’univers cinématographique DC et spin-off de Suicide Squad, présente d'emblée où en est l'héroïne, puis la fait évoluer avec un gang de nanas badass qui n'étaient pas dans les précédentes adaptations de comics de la Warner Bros. D'ailleurs, si la plupart des personnages clés de la saga (Henry Cavill en Superman, Gal Gadot en Wonder Woman, Jason Momoa en Aquaman...) ne devraient plus revenir dans l'avenir du DCU conçu par Peter Safran et James Gunn, Robbie a en revanche une chance de réapparaître en Harley Quinn.

 En attendant la diffusion de ce long-métrage acidulé et percutant de Cathy Yan porté par Margot Robbie, voici notre critique.

Birds of Prey : cette cascade réalisée par Margot Robbie fait le buzz sur Twitter

Désormais, les adaptations DC Comics au cinéma se découpent en deux parties : d’un côté les films totalement déconnectés de toute continuité, comme Joker. De l’autre, un ersatz d’univers partagé, mort-vivant depuis que la catastrophe Justice League l’a laissé exsangue. Y survivent comme ils peuvent quelques héros, dont Aquaman (son film solo est sorti en 2018) et Shazam (2019), et désormais Harley Quinn, de retour dans Birds of Prey après une première apparition remarquée dans Suicide Squad en 2016.

Toujours incarnée par Margot Robbie, l’ancienne petite amie du Joker - leur séparation ouvre pratiquement le film - se retrouve mêlée à une histoire d’un inestimable diamant volé par une toute jeune pickpocket, qu’un impitoyable mafieux, Roman Sionis (Ewan McGregor, délicieusement cabotin), tente à tout prix de retrouver. Elle croisera au passage Huntress (Mary Elizabeth Winstead), Black Canary (Jurnee Smollett-Bell) et la policière Renee Montoya (Rosie Perez), qui ont toutes une bonne raison de mettre la main sur la gamine…

Le film est narré par Harley elle-même avec une construction en flashbacks et flashforwards (le gimmick, plutôt réjouissant au départ, finit rapidement par lasser), et s’émancipe des films traditionnels de super-héros pour se donner un cachet indé en lorgnant du côté de Quentin Tarantino, Guy Ritchie ou Matthew Vaughn. Mais la réalisatrice Cathy Yan - le chouette Dead Pigs - n’arrive évidemment jamais au niveau de ses ambitions affichées, écrasée par le cahier des charges qui lui est imposé. Pourtant la cinéaste s’avère d’une redoutable efficacité quand il s’agit de donner vie à ses héroïnes et de les caractériser en quelques minutes : Harley Quinn n’a ainsi jamais autant ressemblé à un vrai personnage, enfin définie par autre chose que sa plastique et sa folie.

Birds of Prey se démarque aussi par sa représentation inédite de Gotham City, pour la première fois filmé à Los Angeles. On découvre la ville de jour, sous le soleil, bouillonnante, peuplée de passants et de commerces. Presque vivante, en tout cas à l’extrême opposé des visions mortifères de Tim Burton, Christopher Nolan ou Zack Snyder. Un point de vue rafraîchissant.

Gang de filles

Birds of Prey ne dépasse malheureusement jamais son statut de divertissement grand public (malgré une classification R-Rated un peu incompréhensible), le film refusant obstinément d’assumer sa dramaturgie et la gravité de ce qui se joue parfois à l’écran. Un assassinat est ainsi filmé de la même façon qu’une joute verbale, empêchant le spectateur de s’impliquer dans cette histoire qui aurait pu éviter quelques détours inutiles, et n’échappe pas à une certaine répétitivité dans son traitement des scènes d’action - plutôt réussies au demeurant.

Reste un film de gang de filles très efficace, et une fable sur la sororité et l’indépendance qui n’a pas besoin de (trop) forcer le trait pour faire passer son message. Par les temps qui courent, c’est déjà beaucoup.


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