Anthony Ramos – Twisters
Warner Bros.

A l'affiche de Twisters, le jeune comédien new-yorkais nous a accordé quelques instants avant de retourner chasser les tornades. Entretien.

En 1996, deux ans après Speed, Jan de Bont signe Twister son deuxième film, condensé de catastrophe dans la veine des nineties et de leurs Volcano, Independance Day et autres Outbreak, où tumultes amoureux se confondent avec remous météorologiques. Aujourd’hui, Lee Isaac Chung prend la relève et emploie une nouvelle génération d’acteurs à la chasse aux tornades. Parmi eux, Anthony Ramos.

A trente-deux ans, l’acteur new-yorkais d’origine portoricaine a déjà un sacré bagage derrière lui. Son curriculum fait l’effort de concilier deux genres : la comédie musicale (A Star is Born, In the Heights, Hamilton) et le film d’action (The Good Criminal, Transformers : Rise of the Beasts, Godzilla II).

Avec Twisters, dès maintenant dans les salles, et aux côtés de Glen Powell et Daisy Edgar-Jones, Ramos confirme son statut de nouvelle star de blockbusters, et ne compte visiblement pas s’arrêter là.

Twisters a-t-il du souffle ? [critique]

Remake, sequel… Où se place ce nouveau film par rapport à la version originale ?

Quelques éléments de Twisters rendent hommage au film de 1996. Comme dans la version de Jan de Bont, l’action se passe dans le Midwest, et suit des chasseurs de tornades, ces scientifiques as du volant qui récoltent des données pour les météorologues ou la recherche universitaire. Mais c'est vraiment un tout nouveau film, avec une toute nouvelle génération de personnages.

Vous aviez vu le film de Jan de Bont avant de signer pour ce projet ?

J’en avais entendu parler, mais je n’avais jamais pris le temps de le regarder. J’avoue que je n’ai pas vu beaucoup de films catastrophe à part Independance Day et Le Jour d’après… Ah ! Quelqu’un m’a conseillé de voir Outbreak. Enfin bref. Pendant le tournage, les producteurs ont loué une salle de cinéma pour qu’une partie de l’équipe puisse le voir. J’ai trouvé ça fou que ce film ait été produit dans les années 1990. Les effets spéciaux sont vraiment incroyables.

Avec Twisters, on dirait qu’on va être servi. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que le titre était au pluriel.

Dans ce film, on monte d’un cran. Plus de tornades, plus d’intensité, plus d’action.

Il n’y a pas que la surenchère ! Avec Minari, Lee Isaac Chung a imposé son approche un peu différente de la culture américaine. Est-ce que vous avez eu l’impression de participer à une réactualisation du récit national, comme vous avez pu le faire sur scène avec Hamilton ou au cinéma avec In the Heights ?

Ce qui est sûr, c’est que le casting de Twisters est plus diversifié que celui du film de 1996. D’ailleurs, en tant que latino, si Isaac n’avait pas souhaité cette diversification, je ne serais pas dans le film (rires). Il faudrait que les réalisateurs continuent de faire ce choix, parce qu'aujourd'hui, les Etats-Unis sont aussi beaucoup plus diversifiés. C’est ça la réalité du pays. C’était cool de travailler avec un casting aussi varié – je parle de cultures autant que de personnalités, – surtout dans l'Oklahoma.

Twisters
Warner Bros.

Pour revenir aux SFX, on a presque l’impression qu’à l’époque les avancées techniques du cinéma se faisaient l’écho des angoisses des années 1990 : la prise d’ampleur inquiétante du numérique, le passage à l’an 2000… ce qui explique peut-être leur succès.

C’est sûrement aussi parce que ces films parlent de choses qui arrivent vraiment. Le travail de chasseur de tornade existe, des gens en vivent. Regardez Outbreak. Il a, en quelque sorte, annoncé le Covid. Ce qui plaît, dans ce genre de films, c’est le rapport à la réalité qui, même s’il est mince, est toujours présent. Ce qui est montré n’est pas arrivé, mais ça pourrait. 

Pendant les années 1990, les films catastrophe se sont tout de même multipliés. Vous pensez que cette mode pourrait reprendre, vu l’état actuel de nos sociétés ?

Si le film marche bien, peut-être (rires) ! Tout se résume toujours à une question d’argent, c’est LE langage universel. Si les gens vont voir le film, alors il y en aura d’autres. S’ils n’y vont pas, il y aura des comédies romantiques à la place.

Une grande partie du film de Jan de Bont est d’ailleurs consacrée à la romance entre les personnages d’Helen Hunt et Bill Paxton, pris dans les tourbillons d’un divorce. Est-ce qu’on retrouve cette dynamique dans Twisters ?

C’est plus une sorte de triangle entre les personnages de Javi, Kate et Tyler. Kate, qui est jouée par Daisy [Edgar-Jones] et Javi, mon personnage, sont amis depuis longtemps. Une tempête s’abat sur eux alors qu’ils font des recherches pour leur université et cet événement les affecte tous les deux de manières différentes. Javi s’intéresse au métier de chasseur de tornade, et crée son entreprise. L’histoire commence vraiment quelque temps plus tard, avec le retour de Kate, et l’arrivée de Tyler [Glen Powell]. Mais je ne veux pas trop en dire…

Comment s’est passée la collaboration avec Daisy Edgar-Jones et Glen Powell ?

On s’est rencontrés sur le plateau, et on a passé beaucoup de temps ensemble pour apprendre à se connaître. L’esprit d’une équipe de tournage est différent de celui d’une troupe théâtrale. Pour Hamilton, j’ai fait six cent spectacles avec des comédiens que j’ai fréquentés sept jours sur sept pendant deux ans et demi. Pour un film, c’est différent, on se voit non-stop pendant deux mois et après nos chemins se séparent, même si on reste en contact. Mais l’ambiance était super cool, tout le monde était vraiment à l’aise. Daisy et Glen sont super talentueux, ils accordent beaucoup d’attention aux détails du scénario, aux nuances dans le texte. J’ai beaucoup appris à leurs côtés.

Tyler, le personnage de Glen Powell ressemble vraiment à l’archétype du cow-boy moderne ?

Dans le film c'est une sorte de “Tornado Cowboy”. Il porte un chapeau de cow-boy, des chemises à carreaux, et il traîne un vieux tacot qui roule à peine. Par opposition, mon personnage et son équipe sont hyper propres sur eux. C’est un esprit libre, un mec robuste du Midwest, une sorte de “mister all American”. Le mec que tout le monde adore, et que tout le monde adore aussi détester.

Twisters
Warner Bros.

Vous avez vraiment tourné dans le Sud des U.S.  ?

Tout à fait. Le tournage s’est déroulé sur le terrain, avec l’idée que tout devait être le plus réaliste possible. Pour créer l’illusion des tornades, l’équipe des effets spéciaux a utilisé des réacteurs d’avion. Et on était plus sur du Boeing 707 que sur un petit gabarit. Poursuivre les tornades en voiture n’était pas plus évident que dans la vraie vie. Entre le rideau de pluie artificielle, le souffle des réacteurs et la terre qu’on nous balançait au visage, on n’y voyait pas à deux mètres. En plus, la caméra – qui était à l’abri, sur un camion qui roulait devant nous, – était très serrée sur nous, donc on devait faire attention à nos expressions de visage. C’était vraiment une expérience pas comme les autres.

Ça change des autres films d’action que vous avez fait avant. Godzilla II : Roi des monstres et Transformers : Rise of the Beasts sont deux films que vous avez tourné principalement en studio.

C’est sûr. J’adore travailler sur fond vert, avec les effets visuels. Ça permet de jouer des personnages qui peuvent faire des choses folles, se retrouver dans des situations vraiment improbables. Je prépare une série Marvel pour Disney +, Ironheart. Dans cet univers, on peut léviter, tirer des balles magiques… C’était pareil pour Transformers. En fait, ce que j’aime, c’est cette impression de redevenir un gamin qui joue à “faire semblant”. Et en plus, je suis payé pour le faire. C’est le pied ! Après, c’est quand même du travail. En face de moi, j’ai deux cents techniciens qui me regardent l’air de dire : “Déconne pas, il nous faut une bonne prise”. Mais ça vaut tellement le coup. Faire un film d’action, c’est vraiment quelque chose.

Vous ne vous êtes pas cantonné à l’action. On vous a vu dans des films musicaux, dans un drame (Dumb Money), et vous avez même doublé un personnage dans un film d’animation (Les Trolls 2). C’est quoi la suite ?

J’ai beaucoup de projets très différents. En ce moment, je m’essaie à la production. C’est génial de prendre part à la conception d’un film du début à la fin. En tant qu’acteur, j’aimerais bien faire une série comique. Des épisodes de trente minutes, un truc qui me prendrait deux mois dans l’année, pour que je puisse continuer à accepter des projets plus sérieux à côté. Ah, et puis il y a l’adaptation au cinéma de Bob le bricoleur, produite par Jennifer Lopez, dans laquelle je vais jouer. Dans un autre registre, je travaille sur mon troisième album, et sur une comédie musicale. C’est la première fois que je m’attelle à ce genre de projet. La musique, c’est très important pour moi. D’ailleurs, j’ai proposé l’une de mes chansons pour la bande-originale de Twisters. On verra si elle est dans le montage final...

Twisters de Lee Isaac Chung. Avec Daisy Edgar-Jones, Glen Powell, Anthony Ramos… Durée : 2h02. Actuellement en salles.


A lire aussi sur Première