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Qu’avez-vous ressenti lorsque Denis Podalydès vous a proposé d’être Cyrano ? Une grande joie, profonde. Jamais je n’aurai pensé pouvoir le jouer un jour. Comme beaucoup d’acteurs, c’était un rêve car Cyrano est un grand rôle à plus d’un égard. Et puis le jouer à la Comédie-Française !...Le fait d’être proche de Podalydès a forcément été un atout pour aborder un tel rôle ?  Tout à fait, car on se connaît de longue date et l’on s’entend bien. Pendant la tournée du Menteur de Corneille, nous avons parlé du texte, Denis me racontait ses envies, me faisait réciter le texte, me donnait la réplique. On s’amusait, sans pression. On a eu du temps devant nous et cela a été très précieux. Le soir de la première (le 27 mai 2006) vous étiez dans quel état ?  Ce premier soir fut la pire représentation pour moi parce que j’étais épuisé. Nous sortions de longues répétitions et des couturières. Il fallait que j’apprenne à gérer la fatigue.Et maintenant vous vous régalez ?  Je réinvente chaque soir comme si c’était la première. Avant, c’était comme un slalom géant, il fallait passer tous les piquets sans en renverser et en allant vite. Maintenant j’éprouve du plaisir. Pour un rôle comme celui-là, et c’est valable pour tous les grands rôles, il faut un minimum de temps pour prendre ses marques, son assurance, sa place. Et le fameux nez ?  On ne l’a pas trouvé tout de suite. C’est même le onzième. Il est l’œuvre de Véronique N’Guyen. Je me sens bien avec. Que ce soit pour les spectateurs ou pour moi, on ne voit d’abord que lui. J’ai répété durant trois semaines avec, pour m’y faire. Maintenant, il fait partie de moi, même avec un rhume !     A chaque représentation, la salle est suspendue au texte…  Tout à fait... Au cinquième acte, je suis toujours surpris et porté par l’écoute attentive du public. Pas un mouvement, pas un bruit : il n’y a plus que le texte et mes partenaires.